Alerté depuis des années par les citoyens du collectif des associations de défense des consommateurs et usagers de la commune de Sainte-Eulalie en Gironde, notamment l’union locale de la CLCV, Consommation, logement et cadre de vie, je souhaite appeler la bienveillante attention du Gouvernement sur les graves et inquiétantes conséquences d’ordre environnemental et économique du projet de Réseau ferré de France sur cette commune.
Peuplée de 5 000 habitants, située sur la rive droite de Bordeaux, longée à l’ouest par l’autoroute A10 et par la voie ferrée Bordeaux-Nantes, avec trois passages à niveau sur moins d’un kilomètre, Sainte-Eulalie draine un trafic routier intense, régulièrement saturé.
Réseau ferré de France a décidé la suppression de ces passages à niveau, qui seraient remplacés par un pont-rail – c’est-à-dire une voie routière construite sous la voie ferrée – de gabarit et de fonctionnalité très insuffisants.
S’il venait à être réalisé, un tel projet aurait de très graves incidences sur un plan tant environnemental que socioéconomique, de même que pour la sécurité des habitants.
Il augmenterait la durée des parcours scolaires tout en accroissant les risques d’accident pour les enfants des écoles et porterait à saturation le trafic routier de ce secteur très sensible à proximité de l’autoroute A10, où transitent des milliers de véhicules.
En outre, un tel projet ne prend pas en considération la complexité du réseau d’eaux souterraines. RFF n’a même pas envisagé la répercussion qu’aurait la coupure en deux parties d’une immense masse phréatique placée à faible profondeur, mobile et amplement réactive, selon les différents rapports des techniciens du Bureau de recherches géologiques et minières, le BRGM.
La construction du pont-rail ferait barrage à toutes les eaux souterraines, avec le risque d’inondations dont les effets pourraient être dévastateurs pour les nombreux riverains.
Bien évidemment, il ne faut pas négliger les conséquences en matière d’expropriation et de dépréciation foncière : la baisse de valeur de l’immobilier pourrait atteindre près de 40 %.
Cette dépréciation affecterait également les entreprises implantées localement, ce qui aurait des incidences très négatives sur la situation de l’emploi dans des communes déjà durement affectées dans ce domaine.
Vous l’avez bien compris, madame la secrétaire d'État, ce projet de RFF ne peut être réalisé. Les arguments mis en avant par l’opérateur ne doivent pas empêcher la prise en considération et l’étude d’une autre solution, moins onéreuse et ayant l’avantage de ne présenter aucun risque pour la survie de la commune de Sainte-Eulalie.
L’enfouissement ou, plus exactement, l’abaissement du niveau de la voie ferrée avec la réalisation d’une simple tranchée ouverte respectant le sens d’écoulement des eaux souterraines, au lieu d’un tunnel à deux modules, constitue un projet réaliste, approuvé par les associations de riverains et de scientifiques.
Cette solution de l’enfouissement constitue la seule réponse hydrogéologique valable avec un gain environnemental énorme, car cela limitera la pollution liée au trafic tout en évitant l’enclavement contenu dans le projet de RFF.
Madame la secrétaire d'État, si vous m’autorisez l’expression : il n’y a pas photo entre les deux projets. Le projet d’enfouissement est le seul capable de répondre à tous les défis tout en assurant le développement pérenne de la commune de Sainte-Eulalie.
Je vous demande de bien vouloir le prendre en considération en vue de le faire adopter par RFF.