Intervention de Maryvonne Blondin

Réunion du 24 mars 2015 à 9h30
Questions orales — Lutte contre les mutilations sexuelles féminines

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

« Depuis trois mille ans, des cultures africaines ont permis que les sexes des petites filles soient coupés et cousus. Pourquoi ? Parce que cette mutilation est associée à la notion de pureté, de chasteté et d’honneur. C’est une sorte de convention sociale pour qu’elles ne soient pas exclues de leurs communautés.

« Si l’on n’excise pas une femme, elle ne se marie pas, elle est expulsée de son village et traitée comme une prostituée. On en connaît les conséquences sur le plan tant physique que psychologique. Et pourtant, même si elle ne figure pas dans le Coran, cette tradition se perpétue, toujours de nos jours, dans le plus profond silence et une très grande souffrance, d’Afrique à l’Asie, des États-Unis à l’Europe. Beaucoup en meurent, alors que la femme est la colonne vertébrale de l’Afrique.

« Quand j’étais petite, je ne voulais pas être une femme. Pourquoi voudrait-on l’être quand on souffre tant et que l’on est malheureux ? »

Madame la secrétaire d’État, ces mots simples, durs à entendre, mais nécessaires, ont été prononcés par Waris Dirie lors de son discours devant les Nations unies. Cette ex-mannequin somalienne, excisée à cinq ans, en est devenue l’ambassadrice spéciale.

En dépit de l’interdiction officielle des mutilations sexuelles féminines et des différents textes et recommandations de l’Europe, dont la convention d’Istanbul, ces pratiques – force est de le constater – connaissent une prévalence croissante.

L’Organisation mondiale de la santé recense près de 130 millions de jeunes filles qui ont subi ces violences. Ce sont, chaque année, 3 millions de fillettes et de jeunes filles qui sont mutilées ; 53 000 vivent en France.

Ces actes, d’une extrême violence, sont pratiqués entre la petite enfance et l’âge de quinze ans. C’est brutal, ignoré, fait en silence au nom d’un rituel obscurantiste ou de toute autre raison.

La France a été précurseur dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, mais elle n’est plus le pays le plus actif selon l’avocate de la commission pour l’abolition des mutilations sexuelles.

À la suite du célèbre procès d’un couple de Guinéens ayant mutilé ses quatre petites filles, qui s’est tenu à Nevers en juin 2012, notre pays a décidé, par la loi du 5 août 2013 portant diverses dispositions d’adaptation dans le domaine de la justice en application du droit de l’Union européenne et des engagements internationaux de la France, de renforcer plus particulièrement la protection des mineurs et les sanctions encourues par les personnes incitant aux actes de mutilation.

Rappelons que, au-delà de la législation française, la lutte contre ces violences est menée depuis des années dans plusieurs pays d’Afrique, grâce à l’engagement courageux de femmes qui se mobilisent en vue de l’éducation des filles.

Madame la secrétaire d’État, quelles mesures le Gouvernement envisage-t-il de prendre pour renforcer la lutte contre ces pratiques et quels moyens sont-ils mis en place sur notre territoire ?

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