Madame la secrétaire d’État, je tiens à attirer votre attention sur la situation d’une usine en danger – encore une ! - celle de Peugeot SA, à Trémery.
Les 3 600 salariés concernés, leurs 2 000 collègues de l’usine de Metz-Borny, toute proche, les quelque 10 000 employés de la sous-traitance, l’ensemble de la population mosellane et lorraine s’inquiètent.
Vous le savez, l’État est actionnaire de PSA à hauteur de 14 %. Or le site de Trémery est aujourd’hui mis en concurrence avec celui de Vigo, en Galice, pour la construction d’une nouvelle ligne de production de moteurs à essence de dernière génération.
Dans le contexte économique et politique actuel, l’attribution de cette ligne de montage est un enjeu capital pour l’économie mosellane, lorraine et, plus généralement, française.
En effet, en l’espèce, nous parlons de quelque 15 000 emplois, de plus de 200 000 moteurs produits par an et, à ce jour, d’environ 150 millions d’euros d’investissements.
La crise qui frappe la Lorraine – cette région compte 130 000 chômeurs, dont 60 000 en Moselle – donne à cette problématique une ampleur que vous imaginez bien. Personne ne conteste les qualités structurelles dont dispose cette région, du fait de son histoire et des politiques publiques locales qui s’y sont succédé, en termes d’infrastructures et de formation, pour le maintien d’une industrie.
Les collectivités territoriales de l’agglomération de Metz et celles du sillon mosellan se sont déjà portées volontaires pour acquérir des terrains pour l’entreprise. Ainsi, elles ont apporté leur obole de manière consensuelle, avec l’ensemble des élus, qui sont mobilisés. Désormais, cet engagement doit trouver un écho au niveau national.
Je rappelle que la communauté autonome galicienne est prête à investir 20 millions d’euros dans le projet, pour faire pencher la balance en sa faveur. Si, demain, PSA décide de produire ses moteurs à Vigo, ce sera un désastre économique non seulement régional, mais aussi national : jusque-là, tous les moteurs de PSA étaient produits en France…
La situation de Trémery est liée à la question du diesel. En effet, cette usine est la plus importante au monde pour la production des moteurs diesel. Plus précisément, elle produit 80 % de moteurs de ce type.
Or le moteur diesel est de plus en plus décrié, quelquefois de manière un peu rapide, voire assez dogmatique. Toujours est-il que Trémery, qui produit aujourd’hui ces moteurs, a besoin de cette diversification pour développer une ligne de production supplémentaire.
Dans la note de conjoncture qu’elle a consacrée, en février, à la Lorraine, la Banque de France relève un léger mieux de la production industrielle, lequel est principalement dû à l’automobile, ainsi qu’une amélioration du climat des affaires, qui, parallèlement, se dégrade à l’échelle de la France. C’est dire quel est l’enjeu pour notre région !
Madame la secrétaire d’État, j’ai bien noté le « soutien ferme » – je cite la presse locale – exprimé par M. le ministre de l’économie. C’est un encouragement, certes. Mais, aujourd’hui, quelles mesures le Gouvernement entend-il concrètement mettre en œuvre pour « convaincre » Peugeot SA d’investir à Trémery ?