Intervention de Leila Aïchi

Réunion du 25 mars 2015 à 16h15
Débat sur l'influence de la france à l'étranger

Photo de Leila AïchiLeila Aïchi :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, tout d’abord, à la suite du tragique accident survenu hier, je tiens à présenter, au nom de l’ensemble du groupe écologiste du Sénat, mes sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes. Toutes nos pensées vont vers eux.

J’en viens maintenant au débat qui nous occupe aujourd’hui sur l’influence de la France à l’étranger. Nous en sommes tous conscients dans cet hémicycle, en ces temps troublés, la France a un rôle majeur à jouer à l’échelon international et elle se doit de le maintenir en renforçant sa diplomatie.

Monsieur le ministre, nous devons éviter d’aborder les enjeux internationaux sous le seul spectre sécuritaire, comme cela est bien souvent le cas. Face aux défis d’aujourd’hui et de demain, nous devons impulser une réelle dynamique en matière de diplomatie environnementale et économique.

En effet, si nous voulons être entendus, notre diplomatie doit être multidimensionnelle et multipartite. Nous le constatons tous les jours : tout est imbriqué, tout est connecté, tout est lié. Face aux enjeux actuels, nous devons nous adapter et parfois remettre en cause les schémas de pensée qui étaient les nôtres jusqu’à présent.

À l’aune du dérèglement climatique et dans un monde de plus en plus interdépendant, notre approche des relations internationales ne peut plus se définir à la seule lumière de la défense de la souveraineté et des intérêts de la nation. C’est en ce sens que la promotion d’une diplomatie environnementale globale et inclusive est primordiale, et vous le savez bien, monsieur le ministre. Plus personne ne peut nier l’urgence qui s’impose à nous dans ce domaine. Et la France, en tant qu’hôte de la COP21, doit être exemplaire et être à l’origine d’une réelle prise de conscience. Cette échéance sera l’occasion pour notre pays de se positionner comme leader dans le cadre des négociations sur le climat.

Si nous voulons que notre diplomatie environnementale soit efficace, nous devons nous inscrire dans une démarche au quotidien, car, bien souvent, force est de le constater, les enjeux stratégiques actuels, quelle que soit leur origine, sont intimement liés à l’accès aux ressources naturelles, aux matières premières et à l’énergie.

Récemment, Nicolas Hulot apportait un éclairage novateur sur le conflit syrien : « le conflit a été, sinon déclenché, en tout cas amplifié par un facteur climatique. C’est en effet un phénomène de désertification accru par le changement climatique qui a amené un million et demi de personnes à se déplacer et à passer du nord au sud-est de la Syrie. » Il est aujourd’hui avéré que l’accroissement inéluctable des stress hydriques, nourriciers, environnementaux et énergétiques est dû au changement climatique, à la finitude des ressources, à l’évolution démographique et aux modes de vie.

Monsieur le ministre, nous connaissons et nous saluons votre investissement dans la préparation de la COP21. Nous connaissons également votre engagement en faveur des sujets environnementaux qui nous préoccupent. Mais au-delà, quid de la position de la France sur la relance des aires protégées transfrontalières, du Fonds vert pour le climat, de la reconnaissance d’un statut pour les « réfugiés climatiques » ou encore des États en grandes difficultés climatiques à l’échelon mondial ?

Pour réussir et influer sur les négociations internationales, nous devons nous montrer novateurs et ambitieux.

Un renforcement de notre diplomatie économique est également nécessaire. À l’heure où la compétition internationale redouble et où notre économie peine à redémarrer, la diplomatie économique apparaît aussi comme un outil essentiel et encore trop peu mis en avant. Or il s’agit là d’un formidable canal pour la promotion de notre savoir-faire et de notre expertise en matière d’emplois innovants. En qualité de rapporteur pour avis du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde » du projet de loi de finances, j’avais déjà attiré votre attention au mois de décembre dernier sur l’importance d’adapter notre réseau diplomatique au nouveau paysage économique mondial en renforçant notamment la présence française en Asie et, plus généralement, dans les pays émergents, sans oublier l’Afrique, bien évidemment.

Ce redéploiement est essentiel pour mener à bien la diplomatie économique devenue une priorité du Quai d’Orsay. En cela, le rattachement du commerce extérieur et du tourisme à votre ministère, dénommé ministère des affaires étrangères et du développement international, paraît aujourd’hui être une évidence, monsieur le ministre. C’est au plus près des réalités de terrain que peut se mener utilement la bataille pour le développement des entreprises françaises à l’international et la promotion de l’attractivité de notre pays auprès des investisseurs et des touristes étrangers.

Avant toute chose, il faudrait améliorer en quantité et en qualité la présence politique de l’État que permettent les visites officielles, en particulier les visites ministérielles, dans les pays où les entreprises françaises sont susceptibles de se développer. Souvent, ces visites constituent des occasions essentielles de mise en valeur des atouts de nos PME. Les multiplier, c’est donc augmenter les chances de ces dernières.

Les défis qui se posent à nous, monsieur le ministre, sont multiples et nous imposent une approche proactive et globale.

À titre d’exemple, et alors que nous célébrions le 20 mars dernier la Journée internationale de la francophonie, nous devons massivement promouvoir le moteur essentiel de solidarité et d’influence qu’est la francophonie, et je sais qu’il s’agit là de l’une de vos priorités. Les dernières projections prévoient près de 750 millions de locuteurs du français demain, dont une grande partie de jeunes. Ne faisons pas l’impasse sur cet incroyable vivier, qui est une opportunité et une chance pour le rayonnement de la France.

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