En tant que présidente du groupe d'études sur la photographie et les autres arts visuels, je ne peux qu'être touchée par ce débat qui a souligné tous les enjeux économiques du numérique. Pour avoir fréquenté, dans les écoles d'art ou les universités, des publics jeunes et variés, très perméables au piratage, je pense qu'il comporte un enjeu générationnel. Pour nuancer les propos de Mme Blondin, je ferai remarquer que notre unanimisme, dans cette salle, ce matin, résulte de notre histoire, celle de quinquagénaires qui sont encore attachés au monde du livre. Pour les jeunes générations, l'illusion de l'accès à toute oeuvre pose un problème, en termes de gratuité, qui est loin d'être tranché.
Le fait que le pré-rapport de Mme Reda contienne des propositions qui bousculent nos valeurs françaises est peut-être un mal pour un bien. Car elles suggèrent de notre part une perspective éducative. Si nous avions été moins frileux dans le domaine de l'exception pédagogique, au moment de l'examen de la loi de refondation de l'école de la République, qui aurait permis un usage plus intense d'un certain nombre de supports, nous aurions été mieux compris, et ce malentendu entre les intérêts économiques et les pratiques de piratage des jeunes générations aurait pu être évité.