La Poste s'efforce de conduire le mieux possible les missions de service public qui lui ont été confiées par le législateur. Pour preuve de sa singularité, elle a d'ailleurs créé trois nouvelles missions d'intérêt public que sont le tiers de confiance numérique, la transition énergétique et la modernisation de l'action publique, qui concerne à la fois le maillage rural et les zones sensibles urbaines sensibles (ZUS). Que La Poste assure à la fois un service public et des activités grand public s'inscrit dans l'héritage qui est le sien. Par ailleurs, la prochaine étape du développement de la Banque Postale concerne le soutien aux professionnels et aux très petites entreprises (TPE), qui devraient trouver, d'ici à 2020, mille conseillers bancaires dans notre réseau.
S'agissant de la distribution des imprimés publicitaires, celle-ci est soumise à la concurrence de deux acteurs : La Poste et Adrexo. Certes, une telle concurrence peut avoir des conséquences environnementales défavorables, mais elle tire également les prix vers le bas.
Le travail avec les filières est important pour La Poste. Pour preuve, le travail de Chronopost à Bordeaux avec la fédération des vins du Bordelais pour élaborer des emballages spéciaux en vue d'assurer l'envoi de bouteilles en France et vers l'international. Je serais ainsi ravi de voir de nouveaux produits participer à ce développement.
Lorsque je mentionnais le coût de notre réseau, qui s'élève à 4,2 milliards d'euros, celui-ci génère naturellement des revenus ! Mais l'ARCEP nous rappelle que l'existence d'un tel réseau n'est pas justifiée d'un point de vue strictement économique et que l'écart entre le réseau réel et sa version idéale justifie la compensation. L'optimisation de ce réseau requiert la mobilisation de tous !
Nous avons déjà des véhicules postaux à hydrogène qui fonctionnent. Deux bases d'expérience se trouvent à Lons-le-Saulnier et à Dole, dans le département du Jura. Nous allons regarder cette nouvelle technologie ; le déploiement de tels véhicules requiert le financement de l'ADEME et de l'Union européenne. Toutefois, la compression de l'hydrogène, préalable à son injection, oblige à se doter d'un compresseur et d'un autoclave, qui sont sources de dépenses supplémentaires. La Poste est acquise aux nouvelles technologies, comme en témoigne son parc de 6 000 véhicules électriques unique au monde !
La transition énergétique est très importante à nos yeux, comme en témoignent trois de nos réalisations. La première concerne la mobilité électrique en milieu urbain. La seconde vise à faire de nos facteurs des acteurs engagés dans la rénovation thermique des habitats à l'origine de gaspillages énergétiques dont ils sont en mesure d'identifier les adresses au gré de leur tournée. La troisième, enfin, concerne la gestion énergétique de nos bâtiments, qui représentent 6 millions de m2 ; elle est à l'origine d'un savoir-faire dans la rénovation thermique et la transition énergétique susceptible de bénéficier à d'autres.
La Poste est en effet présente dans la « silver économie » et entend se développer dans ce domaine. Notre service « bonjour facteur » est pour le moment avant tout relationnel, quand bien même il n'y aurait pas de courrier à distribuer. Un tel service va devenir essentiel en France dans les vingt prochaines années. Certes, des problèmes de responsabilité se posent et la prestation se limite à une dimension humaine, le facteur n'ayant pas vocation à se substituer au médecin ou à l'aide-soignante. Par contre, nous réfléchissons à lier des relations et au développement conjoint de prestations avec des réseaux de soins. Il nous faudra répondre à la croissance exponentielle du nombre de personnes âgées et très âgées ; la création d'une filiale de La Poste, travaillant en partenariat avec les opérateurs de santé, pourrait s'avérer adaptée. Elle s'adosserait sur notre réseau de proximité et de confiance pour rendre de nouveaux services. D'ailleurs, les personnels du groupe interrogés sur l'opportunité d'une telle démarche s'en sont dits convaincus.
Cette prévalence du partenariat s'exprime pleinement dans nos relations avec la MSA, qui est certainement l'un des acteurs de notre pays qui connait le mieux le vieillissement et la ruralité. Aujourd'hui, nous avons signé un partenariat pour accueillir ses affiliés, et demain ce sera peut-être pour créer une filiale commune destinée à proposer des services de prévention ou de santé aux aînés, qui seront en croissance considérable. La Poste a donc un intérêt à la fois économique et en termes de cohésion des territoires à prendre en compte la mutation démographique de la population française.
La tarification de tels services, qui ne s'inscrivent pas dans nos quatre missions de service public, dépendra de nos relations avec nos partenaires. Ce seront des prestations qui bénéficieront d'un service sous-jacent. Ni les coûts marginaux, ni les coûts moyens ne seront, en définitive, retenus comme critères. Enfin, ces nouveaux services ne manqueront pas de transformer à la fois l'image et les métiers du groupe La Poste. Cette mutation est engagée et peut ainsi recevoir deux sources de financement, en provenance soit des collectivités territoriales, soit des familles, qui peuvent avoir un intérêt réel à assurer le maintien à domicile de leurs aînés.