En effet, nous utilisons les normes OTAN pour établir des comparaisons. Le ministre de la défense plaide inlassablement pour un meilleur partage du fardeau entre les nations européennes, qui est une question tout aussi sérieuse que le partage du fardeau entre les deux rives de l'Atlantique. Notre intérêt est donc de continuer à insister pour une mise en oeuvre des engagements pris au Pays de Galles, qui pourraient être repris au sein de l'Union européenne.
Un meilleur partage de l'effort et des responsabilités suppose également une coopération plus étroite entre l'OTAN et l'Union européenne. De ce point de vue, le contexte semble plutôt favorable, en raison de l'engagement du Secrétaire général de l'OTAN et de ses relations étroites avec la Haute Représentante, mais aussi en raison de la succession des échéances : Conseil européen de décembre 2013, sommet du Pays de Galles, Conseil européen de juin 2015, sommet de Varsovie en 2016, avec des invitations réciproques, maintenant systématiques, des responsables des deux organisations.
Sans chercher à prendre de front les difficultés de nature institutionnelle bien connues, liées à la question de Chypre et à la position de la Turquie, nous devons nous efforcer de bâtir un agenda positif, sur des sujets comme la cyberdéfense ou la guerre hybride, et de faire reconnaître la validité de la base industrielle et technologique de la défense (BITDE) et des projets capacitaires européens, comme contribution au renforcement de la sécurité des alliés.
Deux sujets continuent par ailleurs à mobiliser l'attention de la Représentation permanente :
- la diplomatie économique. Les entreprises françaises ont bénéficié, l'an dernier, de contrats de l'OTAN à hauteur de 300 millions d'euros environ. Nous devons poursuivre nos efforts pour les mobiliser plus largement encore. En plus des contacts réguliers avec les représentants des grands groupes, nous organisons ainsi fréquemment des séminaires d'information au profit des PME, en lien avec la DGA et Business France. Au-delà des contrats directement passés par l'OTAN, l'Alliance a un rôle prescripteur, qui passe notamment par la définition de normes (dites : « STANAG ») auxquelles nous devons être attentifs. D'un point de vue politique, il nous faut enfin veiller à la prise en compte de la dimension européenne à l'OTAN. Le risque est que la crise ukrainienne conduise les alliés, en particulier les alliés orientaux, à se tourner plus que jamais vers les Etats-Unis pour acheter « sur étagère ». De ce point de vue, les choix que devront opérer prochainement certains pays comme la Pologne seront intéressants à observer ;
- le lien entre changement climatique et sécurité. Même si l'OTAN n'a pas un rôle de premier plan à jouer pour ce qui est du changement climatique, elle ne peut se désintéresser des implications qu'il a sur notre propre sécurité (compétition pour l'accès aux ressources naturelles, réfugiés climatiques...). Il existe de même des réflexions concernant les principes de la « défense verte » (logistique, transports, infrastructures...). En tant qu'ancien envoyé spécial de l'ONU pour le climat, l'actuel Secrétaire général est intéressé par ces questions et les a évoquées avec le Président de la République et le ministre des Affaires étrangères, dans la perspective de la COP 21.