Concernant la force interarmées à très haut niveau de réactivité (VJTF), seuls six pays (le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Turquie) sont effectivement en mesure d'assurer son encadrement. La France a accepté de participer, mais avec des conditions, notamment que son engagement ne soit pas exclusif et que nous gardions la maîtrise de notre échelon national d'urgence (Guépard), avec la flexibilité nécessaire. Les nations-cadres peuvent bénéficier de la collaboration d'autres pays ; c'est ainsi que l'Allemagne travaille avec la Norvège et les Pays-Bas. Des discussions sont en cours pour la mise en oeuvre pratique des décisions prises.
S'agissant des survols russes, le regain d'activité est réel, d'un point de vue qualitatif et quantitatif, puisque sont utilisés des bombardiers à long rayon d'action et des techniques proches des standards occidentaux (faisant par exemple appel à des ravitaillements en vol). Pour autant, il faut relativiser le nombre d'incursions : en 2014, onze vols ont été interceptés dont trois pour une violation caractérisée. Il s'agit avant tout de vols de démonstration permettant à la Russie d'afficher sa force. Nous-mêmes avons augmenté notre présence aérienne, en renforçant significativement la police du ciel dans les pays baltes. S'il faut prendre ces survols au sérieux, il ne faut pas non plus en faire un motif d'escalade vis-à-vis de la Russie.
Je vous confirme que l'OTAN travaille sur diverses hypothèses liées à une menace de « guerre hybride ». Les pays baltes pourraient faire l'objet d'opérations de déstabilisation mais ne veulent pas mettre trop l'accent sur leurs minorités russophones. L'idée est de mettre au point une stratégie d'ici le prochain sommet de Varsovie. De nombreux domaines sont concernés : anticipation, renseignement, surveillance, cyber-défense, communication stratégique, forces spéciales... Mais il faut aussi éviter de présenter des vulnérabilités au plan interne, ce qui renvoie à des problématiques (traitement des minorités, gouvernance) qui relèvent d'abord des Etats, puis d'organisations comme l'Union européenne ou l'OSCE.
Les annonces concernant l'installation d'armes tactiques russes à Kaliningrad et d'armes nucléaires en Crimée sont un sujet de préoccupation. Nous menons d'ailleurs une réflexion sur les implications de la stratégie nucléaire russe.
Concernant la Libye, nous soutenons pleinement le processus politique et personne ne sollicite l'OTAN, afin qu'elle joue un rôle opérationnel direct ; cela supposerait d'ailleurs au préalable un mandat des Nations unies. L'OTAN peut théoriquement intervenir en soutien, pour aider à la reconstruction d'une armée ou de forces de sécurité. La difficulté reste de trouver des interlocuteurs et de bien s'articuler avec l'action sur place des Nations unies et de l'Union européenne.