Je ne perçois pas de différence d'analyse majeure entre les Etats-Unis et l'Europe. L'administration Obama souhaite parvenir à une solution politique en Ukraine et soutient, même si elle n'y est pas associée directement, le format « Normandie ». Les Européens et les Américains ont avancé de concert en ce qui concerne les sanctions. Bien sûr, les Etats-Unis sont amenés à répondre aux demandes des alliés orientaux mais les décisions que nous avons prises pour adapter l'Alliance sont raisonnables et proportionnées.
Nous ne sommes pas revenus à une posture du temps de la Guerre froide et nous ne nous inscrivons aucunement dans une escalade avec la Russie. Le nouveau Secrétaire général de l'OTAN, qui connait bien la Russie, a un positionnement équilibré : il faut être sûr de soi-même pour pouvoir dialoguer.
Je comprends l'inquiétude, le traumatisme, des pays baltes et cela révèle les différences qui peuvent exister dans la perception des menaces. C'est pourquoi il est si important de construire ensemble une même compréhension de notre environnement. Je rappelle d'ailleurs que l'OTAN réalise annuellement un exercice qui poursuit cet objectif.
La réintégration des structures intégrées et l'autonomie de notre diplomatie sont deux sujets bien distincts et nous nous inscrivons pleinement dans les conclusions du rapport d'Hubert Védrine qui a clairement souligné la nécessité de préserver notre singularité, tout en accroissant notre influence. A l'époque de la guerre en Irak, le fait de ne pas participer à l'ensemble des discussions du fait de notre statut particulier nous affaiblissait plutôt qu'autre chose. Et si un même contexte stratégique venait à se reproduire aujourd'hui, rien ne nous empêcherait d'adopter la même position qu'à l'époque.
En ce qui concerne la Géorgie, l'OTAN ne fournit pas d'équipements, nous aidons à moderniser et à rendre plus efficaces l'outil de défense. Le « paquet » de mesures décidées au Pays de Galles reste limité et ne devrait pas inquiéter la Russie. Dans le même temps, je vous rappelle que la Russie renforce substantiellement ses liens avec les entités séparatistes de Géorgie. La France a soutenu l'adoption du « paquet » de mesures et ne souhaite pas aller au-delà car cela pourrait entraîner des interrogations en termes de sécurité collective.
L'Arménie a eu tendance, dans la période récente, à se rapprocher de la Russie et, à l'inverse, l'Azerbaïdjan souhaite resserrer ses liens avec l'OTAN. Ce sont deux pays partenaires de l'Alliance et celle-ci doit rester à l'écart du problème du Haut-Karabagh.