Intervention de Agnès Saal

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 8 avril 2015 à 9h35
Contrat d'objectifs et de moyens de l'ina pour la période 2015-2019 — Audition de Mme Agnès Saal présidente-directrice générale et M. Jean-Marc Auvray secrétaire général de l'institut national de l'audiovisuel ina

Agnès Saal, présidente-directrice générale de l'INA :

L'élaboration de ce projet de contrat d'objectifs et de moyens a fait l'objet de la plus grande concertation possible. C'est un document qui a vocation à engager l'institution pour cinq ans. Il faut donc que les 1 000 collaborateurs de l'Institut soient impliqués autour des chantiers stratégiques. C'est pourquoi des ateliers ont été organisés avec eux. Le dialogue a été constructif avec les tutelles, qu'il s'agisse du ministère du budget ou du ministère de la culture.

À l'issue de ces neuf mois de travail, nous avons abouti à un document de 50 pages qui marque une ambition. Ce document a été transmis aux commissions compétentes des deux assemblées.

L'INA est arrivé au terme d'un cycle au cours duquel a prédominé sa mission de préservation de la mémoire de la radio et de la télévision. Il était nécessaire pour cette institution de se réinventer et de marquer sa différence avec les diffuseurs afin de mettre en valeur ses atouts. Nous avons souhaité, dans ce COM, retrouver l'esprit des fondateurs tel qu'il s'est matérialisé dans la loi de 1974 à travers une volonté d'expérimentation et d'innovation et un esprit de service public. Ce document a été élaboré autour de trois mots-clés : ouverture, innovation et modernisation.

Concernant l'archivage, tout d'abord, l'INA bénéficie de 40 ans d'expérience dans le domaine de la conservation et de la mise à disposition des archives. Il peut mettre en valeur cette expérience auprès de nouveaux acteurs et notamment des institutions culturelles qui ont constitué un patrimoine audiovisuel.

Nous avons pour projet d'ouvrir en juin prochain une plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) qui proposera près de 20 000 contenus. Cette plateforme sera accessible par abonnement. Elle proposera une offre enrichie qui pourrait être disponible sur les réseaux des grands opérateurs. Bouygues, Free et Orange ainsi que Canal+ nous ont déjà sollicités. L'objectif est de permettre la meilleure visibilité et l'accessibilité de ces contenus dont certains seront assez rares, notamment dans le domaine de l'animation.

Nous nous interrogeons par ailleurs sur la notion de dépôt légal qui constitue une question fondamentale. L'INA possède un stock de 12 millions d'heures de programmes qui s'accroît chaque année d'un million d'heures correspondant à 120 chaînes de télévisions et à 13 000 sites Internet. La visibilité de ces archives est aujourd'hui limitée pour l'essentiel aux chercheurs, ce qui n'est pas satisfaisant.

L'INA a, par ailleurs, vocation à proposer des formations aux métiers de l'image, ce qui nous amène à réfléchir à la nature des stages à proposer et à trouver de nouveaux formats et de nouveaux supports comme les Mooc (Massive Open Online Courses). Il faut inscrire l'INA dans la prospective et la comparaison internationale et développer une volonté d'expérimentation et d'innovation. L'INA doit renouer avec l'esprit des inventeurs des Shadoks et favoriser le développement de nouveaux formats et de nouvelles écritures. Les professionnels de l'audiovisuel et du cinéma considèrent que notre démarche en ce sens est légitime.

L'innovation se décline également dans la relation que noue l'INA avec les partenaires que sont les collectivités territoriales et les entreprises hors médias, relations que j'espère à l'avenir beaucoup plus étroites. L'INA est un institut national qui a vocation à irriguer tous les territoires, et en conséquence a commencé à travailler avec différentes collectivités à l'instar des régions Nord-Pas-de-Calais et Basse-Normandie ou des villes de Lyon et de Paris. Il s'agit d'une activité à développer, de façon à ce que l'INA, dans un certain nombre de pôles d'excellence territoriaux, puisse décliner toute la richesse de son savoir-faire, en articulation avec le tissu économique, culturel et éducatif de nos territoires.

Le deuxième champ qui me semble intéressant de labourer pour l'INA est celui des entreprises privées hors médias, des entreprises qui ont souvent une histoire riche et qui possèdent des archives audiovisuelles. Je pense notamment à l'Oréal ou à la Française des jeux, avec lesquelles l'INA a commencé à travailler. L'INA peut les aider à identifier leurs ressources audiovisuelles et documentaires, pour les préserver durablement, les indexer et les valoriser. C'est un chantier passionnant dans lequel la légitimité et la compétence de l'INA ne font aucun doute.

En ce qui concerne les moyens prévus par le COM, nous sommes dans un schéma contraint et cette contrainte est pleinement intégrée dans la stratégie pour la période 2015-2019. Ces contraintes pèsent notamment sur la contribution à l'audiovisuel public (CAP), diminuée de 20 millions d'euros en 2014 et pleinement rétablie en 2015 à 89 millions d'euros. Les tutelles se sont engagées à maintenir cette recette à ce niveau au cours des cinq prochaines années. En contrepartie, nous avons pris l'engagement de consolider et de développer les ressources propres de l'INA, qui ont connu une diminution préoccupante au cours des cinq dernières années. Les partenariats avec les entreprises et à l'international constituent d'importants leviers de ressources propres. Il s'agit également de mieux gérer les moyens qui nous sont donnés, humains et financiers. Cela passe par une modernisation des achats, de l'informatique, des procédures budgétaires et comptables mais également par un projet immobilier réaliste et d'ailleurs intégralement autofinancé. Le plafonnement de la masse salariale sur la durée du COM fait peser une forte contrainte sur la gestion des personnels. Cette rigueur est acceptée et est intégrée comme faisant partie de la stratégie de développement de l'INA.

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