La question du caractère fini des fonds, évoquée notamment par M. Assouline, est pour moi une préoccupation essentielle et l'INA se consacre en permanence à l'enrichissement de ces fonds.
Notre premier outil est le dépôt légal, audiovisuel et webmedia, qui nous permet de tout capter. Et la difficulté qui se présente à nous est de trouver les moyens de mettre ce fonds à disposition du public dans des conditions techniques et juridiques sécurisées. Des réflexions se sont engagées quant à la modification éventuelle de la directive européenne et de la loi française. La fonction régalienne confiée à l'INA, de même que celle de la Bibliothèque nationale de France pour le livre ou du Centre national du cinéma et de l'image animée pour les films, risque d'être remise en question si l'on se contente de collecter en diffusant si peu.
Nous espérons aussi enrichir notre fonds en passant des accords avec des organismes privés, tels que des chaînes de radio, qui nous confiraient leurs propres fonds dans une perspective de valorisation.
Notre politique dite de mandats nous permet de mettre à disposition du public, sur notre plateforme INA MEDIAPRO des documents qui ne font pas partie de notre fonds d'origine.
L'autre axe fort de notre COM est la constitution de notre plateforme culturelle, sorte de clone du site INA.fr. L'Institut propose de prendre en charge, par conventions bilatérales, les archives culturelles des divers organismes des secteurs public et privé. Ces archives, qui peuvent être par exemple des captations de spectacles, de répétitions, d'expositions, performances diverses ou de témoignages d'artistes, constituent un patrimoine commun non répertorié et conservé dans des conditions précaires : il faut savoir qu'un support numérique doit être restauré par migration tous les trois ou quatre ans, faute de quoi les données peuvent se dégrader, voire disparaître.
L'INA peut faire valoir son expérience en matière d'indexation, de conservation, de libération des droits et de diffusion, gratuite ou payante le cas échéant, d'archives audiovisuelles.
Ce projet constitue pour nous un acte politique fort en faveur de la diffusion de la culture et de la création au bénéfice du plus grand nombre.
Concernant le climat social, l'inquiétude d'un certain nombre de collaborateurs et de partenaires sociaux est perceptible et j'y suis très sensible.
Dans ma carrière, j'ai toujours pratiqué le dialogue social. Je ne conçois pas un projet d'entreprise sans un dialogue permanent, parfois rugueux, avec les partenaires sociaux. C'est indispensable. Nous devons entraîner tout le personnel autour d'un projet. L'INA a une longue histoire et l'attachement profond des collaborateurs à la mission qui lui est confiée est perceptible. Mais il est parfois difficile d'adapter, de modifier des métiers et des techniques, nous arrivons à une fin de cycle, des départs sont programmés, certaines formes de management ont fait leur temps et sont à renouveler... Il existe certainement des poches de souffrance.
Je me suis emparée de ce sujet et je souhaite aller vers un management plus participatif et collaboratif.
Nous avons une responsabilité d'accompagnement des parcours individuels et collectifs. Les métiers exercés hier, n'ont plus rien à voir avec ceux d'aujourd'hui, ni de demain.
Je vous remercie pour le vote des vingt millions d'euros permettant de rétablir le montant de la CAP qui nous est affecté. Je reconnais que nous avons peu de nouveaux moyens et nos marges de manoeuvres internes sont faibles même si elles existent et nous devrons avoir une plus grande rigueur dans la gestion des dépenses publiques.
Je vais rencontrer tous les collaborateurs pour leur expliquer où nous en sommes dans l'élaboration de nos projets, nos contraintes et nos moyens. Nous ne pourrons pas tout faire en même temps, il faudra hiérarchiser nos objectifs et mettre les moyens financiers et humains en face, dans les cinq ans à venir.
Bien évidemment un contrat se signe à deux. Je prends des engagements forts et ambitieux et je sollicite votre aide pour que l'État tienne ses promesses.
Sur la question de l'enseignement, nous devons nous investir dans ce domaine de façon plus dynamique. L'INA a des ressources audiovisuelles que l'on peut mettre à disposition de l'éducation nationale. Nous avons également une compétence en matière de formation des enseignants et des éducateurs. L'éducation à l'image, l'éducation par l'image, l'éducation à l'usage des réseaux sociaux sont importantes. Or la communauté éducative est parfois démunie et les jeunes sont en perte de repères. Ils ne savent plus lire, ni interpréter l'image. Nous pouvons faire des propositions dans ce domaine. Le CNED est l'instrument pertinent pour la diffusion de nos ressources. C'est un axe d'action à développer.
Concernant les relations avec les médiathèques et les cinémathèques, ce sont des lieux magiques. Ce sont des partenaires inestimables pour la diffusion des ressources audiovisuelles de l'INA. C'est un réseau précieux auquel j'attache beaucoup de prix. Je souhaite que les adhérents à ces espaces culturels bénéficient d'un accès à l'offre SVOD de l'INA à des conditions préférentielles.
Vous m'avez également interrogé sur nos priorités géographiques à l'international, nous avons défini trois zones qui disposent de perspectives de développement et des capacités à suivre nos propositions : le Proche et Moyen-Orient, l'Amérique latine et centrale et l'Asie. L'INA a un savoir-faire qu'elle doit pouvoir transposer dans ces zones.
Sur la certification, le taux de 60 % d'insertion dans un emploi des jeunes étudiants s'apprécie par rapport à la formation initiale. La certification ISO 9001 est un outil intéressant de modernisation, d'innovation et de bonne adéquation entre la proposition que fait l'INA en matière de formation continue et les besoins des secteurs professionnels concernés. Nous offrons 560 stages. C'est peut-être trop et il faudrait identifier les stages les plus pertinents et couvrir de nouveaux domaines.
Je voudrais dire quelques mots sur l'AFP avec laquelle nous entretenons une importante collaboration. Nous lui avons confié la commercialisation, au niveau national, avant la fin de l'année, de 15 000 photos. En parallèle, nous allons signer avec l'agence Getty un accord pour la commercialisation du fonds photos de l'INA. J'essaie de préserver un équilibre entre dimension nationale et dimension internationale pour que l'INA rayonne le plus largement possible et que la richesse de ses collections soit mieux perçue. L'INA est insuffisamment comprise. On ne voit de son action que la mise en valeur et la mise à l'écran, avec son logo au bas, de quelques images en noir et blanc. Son action va bien au-delà. Très largement, nos interlocuteurs ne connaissent pas nos efforts pour mieux promouvoir notre richesse et notre expertise. Les accords passés avec l'AFP et d'autres partenaires permettront de contribuer à cet objectif.
Madame Mélot, pour ce qui est de Google, vous avez bien compris que mon ambition en matière de mise en valeur des fonds des institutions culturelles est de passer devant Google, qui n'a pas encore repéré cette richesse patrimoniale, de ramener vers nous le maximum de données, de les traiter au mieux et de les mettre à disposition dans les conditions que je vous ai exposées.
Nous réceptionnons des images déjà traitées par d'autres. C'est une question que nous évoquons, y compris avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Malheureusement, en interne, l'INA n'a pas les moyens de retraiter ce qui lui parvient de la part des diffuseurs, France Télévisions ou TF1, que ce soit par la voie du dépôt légal ou de la convention, et de procéder notamment à des opérations de doublage et de sous-titrage si cela n'a pas été fait en amont. C'est dans ce domaine, comme l'a suggéré M. Leleux, que la collaboration entre entreprises et audiovisuel public pourrait s'exercer. L'INA, seule, avec ses petits moyens, peut difficilement pallier les carences des diffuseurs.