Intervention de Francis Delattre

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 8 avril 2015 à 9h32
Evolutions récentes de la politique monétaire de la banque centrale européenne et leurs incidences économiques — Audition conjointe de Mm. Denis Beau directeur général des opérations de la banque de france olivier garnier chef économiste de la société générale et augustin landier chercheur à la toulouse school of economics professeur associé à l'université toulouse i

Photo de Francis DelattreFrancis Delattre :

Je suis largement en désaccord avec les interventions qui ont été faites. L'outil du Quantitative Easing (QE) est utilisé dans la quasi-totalité des grands États du monde, avec des résultats économiques flagrants : on peut notamment penser à la prospérité que connaissent les États-Unis - même si, bien sûr, celle-ci ne s'explique pas uniquement par les orientations de la politique monétaire.

À mon sens, nous sommes en rupture avec ce que j'appellerais la « doctrine Trichet », qui visait avant tout à maîtriser l'inflation. Dès lors que l'inflation est basse, et que le plus dur de la crise est derrière nous, le rôle de la BCE doit être redéfini. Celle-ci intervient désormais comme un opérateur financier intelligent.

Certains ont évoqué de possibles problèmes, causés par le programme d'achats de la BCE, pour les assurances vie et les fonds de pension : les premières devraient en tout état de cause être réorientées vers l'économie réelle, quant aux seconds, il y en a très peu en France - ce sont les banques qui financent très majoritairement l'économie, notamment les PME.

Le programme d'achats d'actifs me semble donc constituer une très bonne initiative. L'ampleur du programme d'achats, avec 1 140 milliards d'euros, apparaît supportable au regard du total des PIB des États de la zone euro. Les obligations publiques proposées au rachat ne sont pas nécessairement les meilleures, ce qui veut dire que la BCE allège les acteurs financiers de certains actifs dont la qualité est discutable, tout en injectant des liquidités dans l'économie. Dès lors, dans un contexte où il semble que le plan d'investissements dit « Juncker », qui s'élève à 315 milliards d'euros, est difficile à financer, pourquoi serait-il techniquement impossible d'imaginer une contrepartie aux rachats de la BCE, qui permettrait de financer ce plan ? Emprunter pour améliorer nos infrastructures, ce n'est pas du gâchis. Force est de constater qu'il faudra changer notre optique et notre façon de travailler. L'Europe est contestée partout. Alors qu'elle trouve avec le plan Juncker l'occasion d'affirmer son rôle, pourquoi ne pas l'y aider ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion