Concernant l'efficacité d'une baisse des taux d'intérêt, alors même qu'ils sont déjà bas, le débat est réel. Il est permis de penser que sur les projets de long terme, qui font intervenir des flux financiers sur longue période, les effets peuvent être très forts. Les seuls effets seront donc des effets de long terme : la baisse des taux n'aura pas d'incidence sur les achats ponctuels des entreprises. Dans un contexte où, en France, à la différence des pays de la périphérie, l'accès au crédit est satisfaisant, mais où la demande du crédit est trop faible, comme l'ont souligné plusieurs intervenants, les infrastructures et les projets de très long terme sont un champ intéressant pour l'investissement.
Sur les risques liés à la fin du programme, il est vrai que les États-Unis peinent à sortir de leur politique de Quantitative Easing, même s'ils le font petit à petit à travers un programme de guidage des anticipations. Le régime de taux très bas ne peut donc pas fonctionner de façon ponctuelle comme un stimulus instantané pour l'économie : il est, par définition, destiné à s'installer dans la durée.
Concernant les entreprises américaines et leur intérêt pour le marché de la dette européen, je ne dispose hélas pas de données récentes. De nombreux acteurs de marché anticipent une pression à la hausse sur les actifs européens, ce qui les amène à investir en zone euro. Je suis d'accord qu'à terme, ce regain d'intérêt pourrait refluer si les taux d'intérêt restent très bas, mais ce n'est pas un problème qui se pose dans l'immédiat.
Il me semble qu'il existe une complémentarité entre le Quantitative Easing à l'européenne et le débat sur une éventuelle union du marché des capitaux. En effet, le programme ne sera couronné de succès qu'à la condition qu'il y ait une relance d'une forme de titrisation en Europe, probablement des crédits immobiliers pour commencer, que l'on parvienne à intégrer le marché du crédit aux PME et à élargir le spectre des entreprises qui ont accès au marché obligataire.
Quant au lien entre le Quantitative Easing et le « plan Juncker », si ce n'est évidemment pas à la BCE de sélectionner des projets d'investissements les plus opportuns...