S'agissant de la question du rapporteur général sur la pérennité de la baisse des taux d'intérêt, je rappelle que si la politique menée par la BCE marche et si les anticipations d'inflation repartent à la hausse, cela devrait conduire à l'augmentation des taux d'intérêt. C'est ce que l'on a vu aux États-Unis, où les taux obligataires avaient tendance à baisser avant l'annonce des programmes de Quantitative Easing, avant de se stabiliser voire de remonter pendant la mise en oeuvre de ces programmes. Dans la zone euro, on a vu au contraire que, depuis l'annonce et la mise en oeuvre par la BCE de son programme d'achats, les taux ont continué de baisser, ce qui tient sans doute à deux facteurs : d'une part, le taux de la facilité de dépôt à la BCE est négatif, ce qui n'est pas le cas aux États-Unis, au Royaume-Uni ou au Japon ; d'autre part, il y a un effet de rareté sur un certain nombre d'émissions obligataires d'États et en particulier sur le « Bund » allemand, compte tenu du fait que l'État allemand est à l'équilibre budgétaire et que donc ses émissions nettes sont proches de zéro, mais également sur le Portugal où il n'y a pas beaucoup de dette « flottante », qui influe sur les prix. Cette situation fait qu'à mon sens, il est possible de voir les taux baisser encore. La BCE a d'ailleurs annoncé qu'elle pouvait acheter des obligations à des taux négatifs, à condition que ces taux soient supérieurs ou égaux au taux de la facilité de dépôt.
Par ailleurs, je rappelle qu'un des effets voulu de ce type de politique est d'inciter les investisseurs soit à sortir de la zone euro, soit à aller chercher du rendement à l'extérieur de la zone euro. Il s'agit d'ailleurs d'un des canaux qui fait baisser l'euro. Il faut également souligner qu'aujourd'hui, la zone euro a une balance courante qui connait un excédent plus important que celui de la Chine - environ 300 milliards de dollars contre 200 milliards en Chine -, ce qui fait que d'importantes sorties de capitaux de la zone euro sont nécessaires afin de maintenir l'euro stable.
Concernant le « plan Juncker », de la même manière qu'elle ne peut pas financer les déficits en achetant directement sur le marché primaire, le BCE ne peut pas financer directement ce plan par l'achat de titres.