Intervention de Nonce Paolini

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 avril 2015 à 9h35
Avenir de france télévisions — Audition de Mm. Nicolas de Tavernost président du groupe m6 bertrand méheut président du groupe canal+ et nonce paolini président du groupe tf1

Nonce Paolini, président du groupe TF1 :

La loi votée par le Parlement, en donnant mission au CSA de privilégier la diversité des opérateurs sur le marché et donc de donner priorité aux nouveaux entrants (parfois sans le moindre projet industriel) au détriment des industriels historiques, portait malheureusement en germe tout ce que vous dénoncez aujourd'hui. Et tant que cet article de loi ne sera pas modifié, la fragmentation du secteur se poursuivra alors qu'elle est économiquement absurde dans une industrie comme la nôtre.

S'agissant du rachat de TMC, je tiens à préciser qu'il ne s'agit en aucune manière d'un « trafic de fréquences » mais tout simplement d'un projet industriel de concentration porté par TF1 avec des partenaires historiques.

Comme Nicolas de Tavernost, je ne considère pas que nous bénéficiions de fréquences « gratuites ». Je rappelle que M. Bouygues a acquis TF1 en 1987 pour 1,5 milliard de francs et que notre groupe s'est acquitté depuis de 3,3 milliards d'euros de taxes et a dépensé 6 milliards d'euros au titre de la production d'oeuvres audiovisuelles.

M. Assouline a insisté sur la nécessaire diversité du secteur ; je considère que les acteurs historiques sont déjà représentatifs de cette diversité : il suffit pour s'en convaincre de considérer la diversité des lignes éditoriales de nos chaînes respectives.

La France fait malheureusement figure d'exception européenne : nous sommes le seul pays d'Europe dans lequel il n'ait pas été fait appel aux acteurs historiques pour développer l'offre. Depuis l'apparition de la TNT, on assiste en France à un appauvrissement général du secteur : le marché publicitaire français est ainsi passé de 3,7 milliards d'euros en 2007 à 3,2 milliards d'euros alors qu'en 2013 le marché britannique atteignait 3,7 milliards d'euros et le marché allemand 4 milliards d'euros. Nos concurrents allemands et britanniques sont en bien meilleure santé que nous et en capacité de réaliser d'importants investissements dans le digital et la création.

Dernier exemple de l'incohérence du système français : TF1 a intégralement financé les 100 épisodes de la série à succès Julie Lescaut, pour 171 millions d'euros. Or il y a deux mois notre groupe a dû racheter les droits au groupe Lagardère - qui n'est pas connu comme un petit groupe indépendant - pour pouvoir en poursuivre la diffusion sur nos chaînes secondaires, pour un montant de 13 millions d'euros...

Le système français souffre aujourd'hui d'une « exception industrielle » qui nous fragilise dans la concurrence internationale.

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