Intervention de Nicolas de Tavernost

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 avril 2015 à 9h35
Avenir de france télévisions — Audition de Mm. Nicolas de Tavernost président du groupe m6 bertrand méheut président du groupe canal+ et nonce paolini président du groupe tf1

Nicolas de Tavernost, président du groupe M6 :

Pour ce qui est du temps d'écoute, la télévision se porte très bien, bien qu'elle soit un média un peu plus âgé que les médias sociaux. Elle a tiré profit du digital pour être présente sur les différents terminaux disponibles avec une qualité d'écran très importante. Certes, elle doit faire face à de nouveaux concurrents, en particulier les réseaux sociaux auprès des jeunes. Mais c'est une raison de plus pour mettre l'accent sur la valeur. La télévision c'est le programme. Ce que nous contestons, c'est la dilution de l'effort sur beaucoup de supports de télévision, au détriment d'une certaine concentration de l'effort autour des acteurs que nous représentons parce que nous avons la capacité d'investir dans des programmes.

Pour s'en sortir, la télévision doit s'appuyer sur des ressources publicitaires. Pourquoi la télévision française n'arrive-t-elle pas, à l'heure actuelle, à augmenter ses ressources publicitaires, à l'inverse de nos voisins (Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, Espagne) chez lesquels la publicité à la télévision progresse fortement ? Parce que la valeur et donc le prix sont plus importants. Le prix baisse en France car tous les nouveaux acteurs de la télévision numérique terrestre (TNT) sont arrivés avec un excédent d'offre, d'où une diminution considérable des prix. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes opposés à la publicité sur le service public, puisque cette extension aurait pour effet de détruire la valeur unitaire de la publicité à un moment où, au contraire, il est nécessaire de renforcer son prix. Ce n'est pas par le volume de la publicité diffusée mais par son prix que nous parviendrons à augmenter nos ressources.

Je n'ai aucune inquiétude sur la valeur du média, comme le démontre la situation aux États-Unis. Si les jeunes ont une consommation plus éparpillée, le temps d'écoute se maintient, voire augmente dès lors que la population vieillit. La seule vraie difficulté, c'est la régulation de notre secteur en France qui n'est conforme à un objectif d'efficacité qu'il s'agisse de la qualité des contenus, qui exige une certaine concentration des moyens, ou du niveau des recettes, qui nécessite un prix suffisant. La France a les yeux plus gros que le ventre par rapport à son marché.

De nombreux événements sportifs sont exploités par France Télévisions avec beaucoup de succès et de compétence. Ce n'est pas vrai de dire qu'il n'y a plus d'événements sportifs diffusés sur France Télévisions : le Paris Saint-Germain y passe tous les quinze jours, ce sera de nouveau le cas très prochainement. Le service public est déjà performant en la matière et continuera de l'être dans le cadre du décret, mais nous considérons qu'il n'a pas l'obligation d'acheter au prix fort des programmes américains pour ensuite réclamer de la publicité pour les payer. Réclamer de la publicité sur le service public pour les seuls événements sportifs n'a pas de sens : il y a des recettes qui doivent être affectées, de notre point de vue, à des productions que le service privé avec ses propres moyens ferait moins bien ou ne ferait pas. Nous devons être complémentaires. Le service public n'est pas un ennemi.

Je ne me suis pas plaint des taxes, quoique si vous souhaitez les réduire, vous ne rencontrerez pas d'opposition de notre part... Est-ce que nous avons eu des fréquences gratuites ? Non, nous avons obtenu des fréquences avec des taxes en contrepartie. Je n'ai pas contesté la taxe alimentant le CNC, c'est le fonctionnement de ce dernier que je remets en cause pour une grande partie. Nous participons doublement au financement du cinéma, non seulement par le CNC, mais également à travers nos obligations d'investissement. Le service public est lui aussi soumis à des taxes pour financer le cinéma français.

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