Nous demandons la suppression de l'article 2, car tous les arguments que vous présentez sur ce sujet, comme sur les autres, monsieur le ministre, ne sont que des leurres.
Comment pouvez-vous en effet faire croire à l'apprenti junior - ou à ses parents - qu'il pourra retourner au collège, compte tenu des conditions de travail que vous allez lui imposer, notamment la nuit ? M. le rapporteur nous a indiqué que cette disposition existait déjà. Certes, mais à titre dérogatoire ! Avec ce texte, vous allez faire de l'exception la règle. Là se situe tout le problème !
Un élève qui aura quitté le collège à l'âge de quatorze ans et que l'on aura engagé dans la voie de l'apprentissage ne retournera jamais au collège. Nous sommes loin du socle commun de connaissances et de compétences instauré par M. Fillon. Quoi que vous disiez, votre texte remet bien en cause le principe de la scolarité obligatoire jusqu'à seize ans.
Par ailleurs, comment ceux qui connaissent le monde de l'éducation nationale pourraient-ils croire un seul instant qu'un élève ne poursuivant plus sa scolarité au collège fera l'objet d'un suivi ? Par quel membre de l'équipe pédagogique ? Avec quels moyens ? Dans quel cadre ? Compte tenu des circonstances, cet élève sera immanquablement perdu de vue.
Ces dispositions ne constituent qu'un leurre et un artifice destinés à faire croire que la scolarité obligatoire jusqu'à seize ans n'est pas remise en cause, ce qui n'est pas le cas.
Alors que tout le monde affirme que, pour pouvoir s'adapter aux évolutions futures du marché du travail, les jeunes devront être qualifiés et avoir suivi une bonne formation générale, vous décidez d'extraire du système scolaire ceux d'entre eux qui connaissent le plus de difficultés.
Cet article est donc mauvais. Il accroît les inégalités, alors que vous prétendez vouloir favoriser l'égalité des chances. Tous les arguments que vous avancez ne sont, je le répète, que des leurres. Contrairement à ce qu'a déclaré le Premier ministre, ce dispositif ne constitue en aucune manière un progrès.