Intervention de Martin Hirsch

Commission des affaires sociales — Réunion du 6 mai 2015 à 11h00
Audition de M. Martin Hirsch directeur général de l'assistance publique — Hôpitaux de paris ap-hp

Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP :

Je vous remercie de me recevoir au sein de cette commission des affaires sociales, avec laquelle j'ai déjà eu l'occasion de travailler sur d'autres sujets, et dont je sais l'expertise et l'influence.

L'AP-HP a adopté un projet d'établissement ainsi qu'un projet stratégique pour les années 2015 à 2019, qui fixe plusieurs objectifs clairs et concrets. Notre premier objectif est de disposer d'un CHU qui joue pleinement son rôle au sein de son territoire, ce qui implique de mettre en oeuvre une coopération avec les autres acteurs de ce territoire. Il s'agit d'un axe fort de notre stratégie, qui se caractérise par un effort important d'ouverture, et qui se situe sur ce point en rupture avec la pratique précédente. De manière très concrète, cette orientation se traduit par la mise en place de postes de médecin partagés entre CHU et hôpitaux locaux ; ces coopérations seront par ailleurs mises en place de manière privilégiée avec les territoires les moins bien dotés, et notamment la Seine-Saint-Denis.

Celui de nos objectifs que je considère comme central, et qui transcende tous les autres, est la garantie d'un accès égalitaire à des soins de qualité. Si la France dépense beaucoup pour son système de santé, elle n'est pas épargnée par les phénomènes d'inégalité dans l'accès aux soins, qui peuvent notamment se traduire par des délais longs - j'en vois chaque jour le reflet dans les sollicitations qui me sont adressées. La logique de coopération, de renforcement des parcours et de réorganisation hospitalière est entièrement tournée vers la satisfaction de cet objectif. Une meilleure organisation hospitalière, qui doit notamment passer par un ajustement horaire ou un fonctionnement amélioré des plateaux techniques, doit permettre d'éviter les pertes de chance. Je souhaite que, quel que soit leur point d'entrée dans le système de soins, tous les patients puissent parvenir à un service de pointe dans les mêmes conditions et les mêmes délais. C'est pourquoi doivent être mises en place, au-delà des formes de coopération traditionnelles, des fonctions de correspondants de l'AP-HP. Les notions de parcours des patients et d'échange entre les différents acteurs du soin doivent être concrétisées sur le terrain.

Le rattrapage de notre retard en matière de systèmes d'information constitue également une priorité forte. Un nouveau système d'information permettant la communication avec les autres acteurs, y compris sur le dossier médical, sera mis en place. Un conseil du numérique a par ailleurs été récemment installé, qui doit réfléchir sur les outils d'avenir et accélérer la transition numérique. Je souhaite que le wifi soit prochainement accessible à l'ensemble des patients dans tous nos hôpitaux.

Notre plan stratégique porte également sur la transition vers l'ambulatoire, qui constitue une transformation quasi-révolutionnaire de nos habitudes. A terme, l'objectif est de parvenir à 45 % d'ambulatoire en moyenne pour l'ensemble des services.

A côté de ces objectifs généraux, une stratégie particulière sera développée sur deux sujets précis. En ce qui concerne les urgences tout d'abord, le temps de prise en charge - qui est actuellement de l'ordre de quatre heures en moyenne - devra être divisé par deux. Pour ce faire, des voies différenciées d'accès aux urgences devront être définies, selon le caractère prioritaire ou non des cas qui se présentent. Je tiens à souligner que, malgré l'activité très intense des services d'urgences au cours des derniers mois, en raison notamment d'une forte épidémie de grippe saisonnière et de l'impact de la grève des libéraux, le choc a bien été absorbé et que le temps de prise en charge, s'il n'a pas diminué, a pu rester constant. J'insiste par ailleurs sur notre stratégie en matière de cancer, sur laquelle je souhaite prendre plusieurs engagements. En premier lieu, les patients doivent pouvoir avoir accès à un rendez-vous dans des délais rapides, idéalement une semaine. En second lieu, les femmes ayant été prises en charge pour un cancer du sein doivent pouvoir bénéficier, le cas échéant, d'une reconstruction mammaire sans reste à charge.

Alors que l'AP-HP porte à elle seule la moitié de la recherche clinique française, travaillant avec de nombreux acteurs comme les universités du territoire et l'Inserm, il est indispensable qu'elle puisse continuer d'investir et d'innover, à hauteur de 400 millions d'euros par an. Cela passe par la mise en place de départements hospitalo-universitaires. Il est par ailleurs urgent de remédier à la vétusté de nos locaux : il est inacceptable que les services de gériatrie comptent encore des chambres à quatre lits pour des soins de longue durée. Au cours des dernières années, la modernisation de l'offre de soins a principalement porté sur la rive gauche au détriment du Nord de Paris ; afin de remédier à cette situation, plusieurs opérations importantes seront programmées au cours des prochaines années. Un grand hôpital du Nord et de l'Est de Paris sera créé à partir des sites de Lariboisière, Bichat et Beaujon. Une opération est en outre actuellement en cours à Avicenne.

Le projet social de l'AP-HP devra être à la hauteur de ces enjeux. Un protocole portant sur la déprécarisation des agents a été conclu la semaine passée avec la CFDT. Nous travaillons par ailleurs sur les sujets de la formation professionnelle, de l'organisation et des conditions de travail. S'agissant plus spécifiquement du temps de travail, d'autres modèles d'organisation devront être trouvés. Ces évolutions feront l'objet de négociations.

J'en viens enfin au cadre économique et budgétaire général de l'AP-HP. Notre plan global de financement pluriannuel inclut à la fois les contraintes liées à l'évolution de l'Ondam et les objectifs propres à l'AP-HP, à savoir le retour à l'équilibre l'an prochain. Nous savons que les conditions seront difficiles au cours des prochaines années et impliqueront des efforts de productivité importants ; 150 millions d'économies doivent être réalisés chaque année. Il s'agit là d'un véritable défi, qui explique en partie la nécessité de revoir l'organisation du travail. Disposer d'effectifs stables et lutter contre l'absentéisme nous permettrait d'éviter d'avoir recours à des remplacements souvent coûteux, ou qui peuvent déstabiliser l'emploi du temps des agents.

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