Intervention de Nicolas d'Hueppe

Commission des affaires économiques — Réunion du 27 mai 2015 à 10h10
Audition de M. Stanislas de Bentzmann président de croissance plus

Nicolas d'Hueppe, vice-président de CroissancePlus :

CroissancePlus est concentrée sur les entreprises de croissance. C'est un écosystème en tant que tel : nous tenons la première marche du podium pour le nombre de créations d'entreprises. Nous prenons beaucoup d'initiatives, et nous créons beaucoup de boîtes.

En France, entre l'écosystème des grandes entreprises et celui des TPE, il n'y a pas grand chose. Quand on se demande pourquoi, on s'aperçoit que c'est là que jouent tous les freins. Celui des seuils sociaux, d'abord. Un entrepreneur qui passe le seuil des 50 salariés sans toujours avoir de directeur des ressources humaines se retrouve, du jour au lendemain, pénalement responsable. Autre problème, celui de l'actionnariat salarié. Pour grandir, une entreprise a besoin de recruter des cadres expérimentés : le seul levier pour les attirer est de leur promettre une part de la valeur ajoutée. Or, le système des stock-options est désormais galvaudé, parce que quelques-uns en ont abusé. Mais on ne poussera pas un cadre expérimenté à rejoindre une entreprise dans laquelle il prend un risque en lui proposant un malheureux bonus de 50 000 ou 60 000 euros. Le système est tellement vicié que beaucoup sont prêts à attendre leurs quinze ou vingt ans d'ancienneté pour saisir l'opportunité d'un plan social. Les dispositions de la loi Macron sur la fiscalité des actions gratuites vont certes dans le bon sens, mais elles ne font que nous ramener dans la moyenne de l'OCDE. Or, ce qui fait la force de pays comme les États-Unis, Israël ou l'Angleterre, c'est que les cadres expérimentés n'hésitent pas à quitter un grand groupe pour venir tenter l'aventure dans une boîte de plus petite taille, l'aider à se développer, quitte à retourner ensuite d'où ils viennent. C'est une faculté qui nous manque cruellement, parce qu'un entrepreneur ne peut arriver seul à développer son entreprise au-delà d'un certain seuil. Il peut toujours mettre quarante à cinquante personnes dans un open space et crier très fort pour se faire entendre, ce n'est pas cela qui lui fera atteindre la taille critique. Il faut des compétences supplémentaires. C'est bien la force des écosystèmes, aux États-Unis, en Israël, que d'aller chercher des expertises ponctuelles, universitaire, internationale, financière, pour aider l'entreprise à se structurer. On peut lever 500 000 euros en se tournant vers ses amis, mais cela devient plus compliqué de trouver 20, 30 ou 40 millions pour financer une entreprise de croissance. Aider nos PME à grossir et à devenir des ETI est aussi essentiel dans la lutte contre le chômage, car ce sont elles, et non les entreprises du CAC 40, qui recrutent localement.

D'où notre insistance sur un certain nombre de sujets : l'actionnariat salarié, mais aussi le financement des entreprises - qui passe par la question des délais de paiement. Il n'est pas normal que les PME soient amenées à subventionner, à hauteur de 13 ou 14 milliards d'euros, les grands groupes commanditaires, qui payent à 60 jours, voire beaucoup plus, puisqu'un tiers seulement des entreprises respectent ce délai légal. Il faut savoir qu'en Allemagne, il est à 30 jours, et que 67 % des entreprises le respectent.

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