Intervention de Nicolas d'Hueppe

Commission des affaires économiques — Réunion du 27 mai 2015 à 10h10
Audition de M. Stanislas de Bentzmann président de croissance plus

Nicolas d'Hueppe, vice-président de CroissancePlus :

Le risque : là est le mot clé, car là est le clivage - entre ceux qui sont prêts à le prendre, et les autres. La croissance ne peut venir que de la prise de risque. C'est par l'innovation que l'on gagne des marchés.

La difficulté tient au fait que plus personne, aujourd'hui, n'a intérêt à prendre des risques. J'ai dit ce qu'il en était pour les cadres. Il en va de même pour le financement : il est moins risqué, pour un investisseur, de choisir l'immobilier. Quant aux entrepreneurs, lorsqu'ils essaient de faire grossir leur boîte, les ennuis commencent.

Il ne s'agit pas pour nous de tout récuser, mais de faire bouger les curseurs. Il n'est pas normal d'être assujetti à la même taxation pour un investissement dans une PME ou dans un appartement parisien. On peut faire bouger le curseur de quelques points.

Je suis d'autant plus à l'aise pour le dire qu'aucune des entreprises de CroissancePlus n'a de rente à défendre. Si on ne bouge pas, on est mort. Les jeunes diplômés eux aussi n'ont plus rien à perdre. Les grands groupes recrutent peu, et plutôt à l'étranger. Or, tous ces jeunes n'ont pas envie de s'expatrier. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir envie de créer, ici, leur entreprise. Regardez les cursus d'HEC : c'est la filière entreprenariat qui a le vent en poupe, quand il y a quelques années, ce que voulaient les étudiants, c'était devenir banquier ou trader. Même chose dans les écoles d'ingénieurs. On a un savoir-faire, en France, sur les objets connectés. Il s'agit de prendre les risques qu'il faut pour le développer.

On a inscrit le principe de précaution dans notre Constitution, mais c'est oublier que l'entrepreneur - je cite là encore Schumpeter - c'est quelqu'un qui prend des risques. C'est ce que nous faisons dans nos entreprises, avec nos salariés. Quand un salarié prend le risque de s'embarquer sur une coquille de noix, il est normal que lorsque l'entreprise réussit, il en partage le bénéfice. C'est quand les intérêts de l'investisseur, de l'équipe et de l'entrepreneur sont sur la même ligne que l'on on crée de la croissance. Quand ils divergent, on reste encalminés. C'est en ayant cela à l'esprit qu'il faut définir le cadre fiscal.

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