Intervention de Stanislas de Bentzmann

Commission des affaires économiques — Réunion du 27 mai 2015 à 10h10
Audition de M. Stanislas de Bentzmann président de croissance plus

Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus :

Tout à fait d'accord.

La relation avec les banques est, en effet, devenue plus complexe. Elles font valoir qu'elles sont encadrées par des ratios prudentiels trois fois plus contraignants qu'avant Bâle III. Nous ne sommes pas en mesure d'en juger ; notre seule certitude, c'est qu'il faut que les entreprises fassent des marges. Quand elles sont inférieures de 10 à 15 points à celles de nos concurrents, on ne peut pas s'autofinancer. Pour se développer, il faut aussi de la trésorerie. Pour un banquier, il est plus délicat que tout de financer de la trésorerie, parce qu'il ne sait pas ce qu'il finance. C'est pourquoi nous préconisons de ramener le délai légal de règlement à 30 jours. C'est le moyen d'injecter plus de 10 milliards d'euros, sans coût pour la collectivité. C'est ce que nous plaidons depuis des mois dans les cabinets ministériels, sans être entendus, parce que les grands groupes n'en veulent pas, au motif que cela entamerait leur propre trésorerie, donc leur développement. Mais ils n'ont pas les mêmes problèmes de trésorerie que nous ! Nous dialoguons, bien sûr, avec les banques, et nous avons beaucoup travaillé avec la médiation interentreprises, qui est un bon outil. Mais on ne va pas, à nous seuls, changer le modèle qui est le leur, et c'est pourquoi nous nous attachons à plaider pour des mesures concrètes, qui auront immédiatement leur effet. Le délai de 30 jours en est une, qui amènerait un carburant précieux à nos PME.

Tout le monde se retrouve, dites-vous, sur la nécessité de se regrouper, de créer des filières. Mais on oublie que la loi Hamon impose une communication générale à tous les salariés de tout projet de cession deux mois avant l'échéance. Cela fait des mois que nous expliquons que c'est une mesure anti-regroupements. Nous ne sommes pas contre l'information des salariés, surtout si c'est une solution pour vendre - j'ai moi-même vendu une de mes filiales en France à son équipe de management et j'en suis très content. Au reste, s'il existe un comité d'entreprise, c'est déjà une obligation de l'informer, mais qui se limite à quelques salariés, dont on peut exiger la confidentialité. Mais c'est tout autre chose de rendre publique une telle information, en amont ; cela crée des turbulences énormes. Cela inquiète non seulement les salariés, mais les clients, les fournisseurs, et cela donne des armes aux concurrents. Il faut être réaliste ! On vit dans un monde concurrentiel, où l'information est sensible. Pour peu qu'une telle annonce refroidisse les deux ou trois clients d'une petite entreprise, on la met au tapis.

Alors que les regroupements d'entreprises sont nécessaires pour former des ETI, la fiscalité ne les favorise en rien, même si cela s'arrange un peu. Nos entreprises ont besoin de se regrouper pour se donner du muscle à l'international. Comme l'a dit Nicolas d'Hueppe, un vent de liberté, favorable à la création d'entreprises, souffle sur le pays. Les cadres se rendent compte que travailler pour un grand groupe n'est pas toujours enthousiasmant, quand il peut l'être, au contraire, de créer son entreprise, de devenir son propre patron, de bâtir une aventure humaine. Si ces entreprises peuvent grandir, nous tenons la solution.

Le Medef ? Il est constitué de lobbies, si bien qu'il tend souvent à bloquer les choses, pour défendre une situation de rente. CroissancePlus, qui se contente de regrouper les entreprises de croissance, n'est pas, en ce sens, un lobby. Cela dit, le Medef représente des centaines de milliers d'entreprises, qui font remonter beaucoup de choses du terrain. Il faut écouter son point de vue, mais il faut savoir faire le tri, et vous savez le faire, entre la défense d'intérêts particuliers et le parler-vrai. Quand le Medef dit que la politique économique menée au cours des dernières décennies a été néfaste aux entreprises, il faut l'écouter.

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