Intervention de Stanislas de Bentzmann

Commission des affaires économiques — Réunion du 27 mai 2015 à 10h10
Audition de M. Stanislas de Bentzmann président de croissance plus

Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus :

Je n'ai pas le sentiment, lorsque je me rends au Danemark, où mes charges sociales ne représentent que 10% de la masse salariale et où j'ai beaucoup plus de souplesse dans le contrat de travail, d'arriver dans un environnement ultra libéral où la population vit dans la misère. Nous avons besoin de souplesse et de confiance, et Nicolas vient d'en donner un bel exemple. Oui, les abus doivent être sanctionnés, mais il ne s'agit pas pour autant de multiplier les contrôles à outrance. Voyez la toute récente décision de la Cour de cassation, qui a été très commentée. On a dit qu'elle interdirait dorénavant aux entreprises d'augmenter les salaires « à la tête du client », comme si c'était le cas ! S'il s'agissait d'augmenter les salaires à la tête du client, c'est bien simple, on ne les augmenterait pas. Il y a certes des augmentations, qu'il faut documenter, parce qu'il est important que les salariés les comprennent. Mais qu'un juge, un fonctionnaire, puisse venir dire à un manager qu'il fait mal son job et que la justice est, en sa personne - vous me comprenez - plus compétente que lui pour décider de ce qu'est une bonne augmentation de salaire ! Cela témoigne d'une véritable dérive. Je sais qu'il vous est plus difficile qu'à moi de vous exprimer là-dessus, parce qu'il s'agit d'une décision de justice, mais enfin... Et quand le gouvernement, de son côté, nous dit que l'on augmente trop les salaires, que le crédit d'impôt compétitivité-emploi (CICE) ne doit pas servir à cela et qu'il nous accuse de laxisme, avouez que le propos d'ensemble devient difficile à suivre !

La France a de nombreux atouts. C'est un beau pays dont la culture séduit partout dans le monde, elle a de bonnes infrastructures, un système scolaire qui reste, dans les bons endroits, excellent. Ce à quoi nous appelons, c'est à rechercher ensemble le cadre adéquat pour en tirer profit. Je ne dis pas que nous devons imiter en tous points le modèle libéral anglo-saxon, mais ce que je dis, c'est que l'entreprise des 35 heures est l'entreprise d'hier, et qu'il faut nous acheminer vers une transition. Vous devez vous approprier tous ces concepts, et créer un cadre où nos entreprises puissent grandir. Quand on parle à des entrepreneurs étrangers de la France, ils citent aussitôt deux chiffres, les « 75 %« (la surtaxe provisoire sur le revenu) et les 35 heures ; ce que l'on appelle les « chiffres rouges ». Il est temps de montrer que l'on a autre chose à leur proposer.

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