Il a beaucoup été question des 35 heures. Je rappelle que le nombre global d'heures travaillées en France a cru dans des proportions supérieures à la moyenne de l'Union européenne au cours des deux dernières années, même si cela est à tempérer compte tenu de l'augmentation de la population.
Vous mettez en avant la faiblesse des cotisations sociales au Danemark, mais c'est oublier le niveau de l'impôt, notamment sur le revenu : c'est sur quoi le pays finance l'Etat providence. Sur quoi doit-on financer la protection sociale, là est la question. On entend beaucoup de propositions qui ont pour conséquence de diminuer les recettes, mais qui ne mettent en avant aucune alternative pour financer notre modèle de protection sociale, dont 80 % des Français considèrent qu'il est le meilleur au monde. Sur quelles ressources l'asseoir à l'avenir ? Il est un point sur lequel je peux vous rejoindre. Lorsque vous regrettez que les Français investissent trop dans l'immobilier, et pas assez dans l'entreprise, je vous suis. Notre souci doit être d'aider les entreprises à accéder au financement. Il a ici été question des banques, mais je pense aussi à l'assurance-vie, où se porte le gros de l'épargne des Français. Or, cette épargne est insuffisamment orientée vers les entreprises que vous représentez. Avez-vous des propositions en ce sens ? Quant au livret A : une large partie reste aux banques, sans remonter à la Caisse des dépôts, pour financer, théoriquement, les PME. Mais personne ne sait ce qu'il en est vraiment. Ne serait-il pas plus judicieux de flécher plus étroitement ces sommes vers l'investissement innovant ?
Je souscris à ce que vous avez dit sur Bâle III, en rappelant que les Américains ont refusé de le mettre en oeuvre. Ces accords se fondent sur une stratégie malthusienne de l'investissement et du risque et sont un gros handicap pour nos banques.
Un mot sur la banque publique d'investissement (BPI). Son intervention répond-elle à vos besoins et si non, comment pourrait-elle être améliorée ?
Le débat sur les PME face aux grands groupes est, en France, récurrent. Je me suis récemment intéressée au poids des grands groupes dans l'économie nationale, et j'ai été surprise de constater combien il était lourd : que l'on parle de leur part dans le chiffre d'affaires, dans le PIB, ou dans les exportations, ont est autour de 35 %. Cela explique peut-être en partie vos difficultés à convaincre Bercy... En Allemagne, le lien entre les grandes entreprises et les ETI est beaucoup plus fort qu'en France. En la matière, ce n'est pas de l'Etat que tout peut procéder. Comment engager des coopérations entre grandes entreprises et ETI ? Comment trouver un cadre stimulant pour de telles coopérations ? J'estime, pour ma part, que l'on utilise mal, en France, les doctorants, et qu'il y a là une piste.
Je suis sensible à ce que vous avez dit sur les délais de paiement, mais la loi suffira-t-elle à régler tous les problèmes ? Que peut-on faire concrètement pour que les délais légaux soient respectés ? Faut-il plus de contrôles ? Faut-il imaginer des stratégies de recours automatiques, avec consignation des créances?
Il faut améliorer, dites-vous, la fiscalité des actions gratuites. C'est un débat que nous avons eu lors des discussions sur la loi Macron. Mais comme la fiscalité sera la même pour les grands groupes et pour vos entreprises, en quoi cela vous aidera-t-il ? Ne pourrait-on imaginer un plafonnement, qui fasse pencher la balance en votre faveur ?
Un mot, pour finir, sur le droit d'information des salariés. Je relève qu'en Allemagne, l'obligation d'informer les salariés d'un projet de cession vaut dès cinq salariés.