Malheureusement, toute négociation de réouverture de ce marché dépend de la situation diplomatique entre la Russie et l'Ukraine.
La loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt a prévu un renforcement des organisations de producteurs (OP) et la systématisation de la médiation. Pour Lactalis, en Normandie, cela a fonctionné, puisque les parties sont arrivées à un accord la semaine dernière. Les OP jouent leur rôle. À la demande des professionnels, nous avons mis en place une nouvelle version de l'évaluation ; mais l'OP de bassin laitier se heurte à la diversité des contrats et des interlocuteurs. Chaque producteur a une relation spécifique avec sa coopérative. Ainsi, dans ma commune, sur trois éleveurs, l'un a un contrat avec Sodiaal et les deux autres avec Lactalis, ce qui peut poser des problèmes... Reste que la loi d'avenir commence à se mettre en oeuvre, c'est l'essentiel.
La sortie des quotas laitiers a été décidée en 2008 sous la pression des pays du Nord, qui avaient mis en place un marché des quotas qui avait évolué de manière exponentielle - l'achat du quota entrait pour moitié dans le coût d'une installation - et les pays du Sud, comme l'Espagne, qui jugeaient leurs quotas trop faibles. Bref, on a supprimé les quotas, avec une large majorité, pour de mauvaises raisons. J'avais voté contre ; mais aujourd'hui, notre problème n'est plus tant la régulation de la production européenne mais les aléas du marché mondial de la poudre. Nous devons parvenir à établir une coresponsabilité européenne sur la question. Par exemple, les Pays-Bas ne doivent pas augmenter, comme ils l'ont fait, leur cheptel et leur production laitière par vache de 10 % parce qu'ils ont identifié des débouchés, au risque, une fois ces débouchés disparus, de devoir abattre : la décapitalisation laitière a un impact sur le marché de la viande bovine.
Plutôt que de revenir aux quotas, il faut une gestion concertée. Masi sur ce point, je suis loin d'avoir une majorité au sein de l'Union : les seuls à vouloir me suivre sont les Belges et - avec moins de constance - les Italiens.
Monsieur Bailly, la DGCCRF a contrôlé et sanctionnera Intermarché et Système U - qui sont les acteurs ayant pourtant la meilleure réputation chez les agriculteurs ; ce sera bientôt le tour de Casino, me dit M. Macron. Les choses bougent, nous ne laissons pas la grande distribution faire n'importe quoi. Mais rejeter toute la faute sur elle ne réglera pas les problèmes des filières animales. Ainsi des promotions : certains éleveurs ont intérêt à dégager des stocks et font baisser les prix. La responsabilité est partagée, notamment sur la traçabilité. Les salaisonniers prétendent que ce n'est pas le porc qui fait la charcuterie française, mais le charcutier... Je leur ai répondu que dans les rillettes françaises, il fallait du porc français. C'est le sens du label « viande de France » que nous avons lancé après la crise des lasagnes (contenant de la viande de cheval). Carrefour, à ma demande, n'utilisera plus son propre logo, car il faut une cohérence pour que le consommateur s'y retrouve. Un seul logo donc, « viande de France », même si chaque éleveur vous dira que sa race est la plus belle : l'un ne jure que par la Limousine, l'autre par la Charolaise...