Intervention de Vincent Eblé

Délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 21 mai 2015 : 1ère réunion
Audition de M. André Laignel premier vice-président délégué de l'association des maires de france

Photo de Vincent EbléVincent Eblé :

Le calendrier est important. Nous ne pouvons pas agir avec un excès de volontarisme dans des délais courts ; il est nécessaire d'ajuster les dispositifs qui entraînent des conséquences sur les acteurs. Après avoir conquis de haute lutte une position politique, un élu ne s'en laisse pas déposséder commodément. Une hâte excessive risquerait de mettre en danger la réforme, alors que l'immobilisme de la carte territoriale est inenvisageable au regard de l'évolution de nos principaux partenaires. Observons la situation au-delà de nos frontières : l'Allemagne et la Belgique ont procédé à des regroupements de manière active et disposent aujourd'hui de collectivités locales dont la taille suffit pour mener des politiques territoriales.

Le mal-être de notre ruralité résulte aussi de cette situation : les campagnes voient les villes se transformer, revisiter leurs centres urbains et mettre en place des services publics utiles, sans constater de changement à leur niveau. J'ai toujours été frappé, lors de mes déplacements en Seine-et-Marne, par la référence constante des campagnes aux territoires les plus proches de Paris, mais aussi par leur refus de leur ressembler. L'aspiration à bénéficier des mêmes services et la volonté de conserver une identité rurale se mêlent. Nous devons également travailler sur ce sujet.

Pour ce faire, il faut des finances. C'est un sujet délicat, que nous traitons parfois de manière excessivement polémique et politique. Essayons de dépasser nos clivages et de trouver des points de convergence et d'accord. Nous traversons une période douloureuse dans laquelle des dotations sont victimes d'une contre évolution. L'enjeu n'est pas de connaître les moyens dont nous disposons, mais de savoir comment nous les utilisons. Comment pouvons-nous, par exemple, inciter les collectivités territoriales à faire de l'investissement leur priorité ? Nous restons souvent dans le huis-clos de nos responsabilités territoriales. Nous avons mené un travail de réduction des dépenses inutiles, improductives ou inactives sans travailler suffisamment sur les articulations. Nous affirmons rechercher des économies, mais encore faudrait-il préciser lesquelles, comment et sous quelles conditions. Nous avons considérablement avancé dans le domaine des intercommunalités sans produire d'économies. Nous avons au contraire généré des dépenses territoriales supplémentaires. Nous devons poursuivre la construction de l'intercommunalité en réalisant des économies de moyens et en agissant de manière coordonnée. Ne pas y parvenir signifierait que nous n'aurions pas fait notre travail. Certes, l'intercommunalité a permis de mettre en place des services supplémentaires, mais ces derniers ont alourdi la dépense publique. Nous ne devons pas faire plus ou moins, mais mieux, et travailler sur la méthode en développant les réflexions et les échanges de pratiques, afin de répondre à l'exigence d'équilibre des comptes publics. Le gouvernement actuel n'a pas vocation à générer 600 milliards de déficits publics supplémentaires en cinq ans.

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