Intervention de Fabienne Keller

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 28 mai 2015 : 1ère réunion
Présentation du rapport d'information de fabienne keller à la suite de l'atelier de prospective du 9 avril 2015 sur « mieux prévenir et gérer les crises liées aux maladies infectieuses émergentes »

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller, rapporteure :

Je remercie Yannick Vaugrenard d'avoir participé à cet atelier. J'ai, moi aussi, beaucoup aimé, l'exposé et la vision très éclairante de Françoise Laborde. De par sa grande expérience à la fois du monde numérique et du monde médiatique, elle a montré le lien étroit entre les deux : puisque tout le monde a accès à ces diverses sources d'information, c'est la cohérence qui créera la force et la crédibilité du message.

La question des peurs est un vrai sujet. La seule manière d'y répondre, je vais utiliser un mot un peu fort, consiste à « banaliser » les épidémies. Les populations doivent en avoir le vécu, l'expérience, pour ne plus revivre cette espèce de panique soudaine que l'on a pu connaître avec Ebola ou la grippe. Les épidémies font partie de la réalité humaine mondiale. Personne ne sait comment elles évoluent. Elles nécessitent donc toujours une grande vigilance et une communication constante au fur et à mesure des analyses effectuées.

Les acteurs publics sont obligés de se prémunir contre le scénario catastrophe, de prendre en compte le temps nécessaire à la production d'un vaccin, qui est en général de plusieurs mois. C'est une idée qui n'est pas intuitive. Il a été reproché à Roselyne Bachelot-Narquin d'avoir acheté trop de vaccins contre la grippe H1N1. Mais elle devait se couvrir contre le scénario le plus défavorable. Il se trouve que l'épidémie de grippe s'est apaisée. Cela aurait dû être pris comme une bonne nouvelle.

Les Américains ont créé des jeux vidéo sur ce sujet des épidémies, à l'image de Sim City, un jeu de simulation urbaine que vous connaissez peut-être. Les joueurs sont amenés à prendre des décisions en évaluant les conséquences attendues en termes de victimes et de malades.

Nos concitoyens doivent intégrer l'idée qu'encourager les comportements individuels contribue à maîtriser une épidémie collective. J'en reviens à l'exemple de la rougeole. Si je ne me vaccine pas, je vais contribuer à la transmission globale de la maladie. Il y a, d'un côté, la réaction sur les coûts, les peurs, de l'autre, la compréhension de la dynamique épidémique, de la réalité.

De nombreuses épidémies vont émerger. On ne sait pas lesquelles, on ne sait pas à quel moment, elles seront dues à un croisement de multiples facteurs. À nous de gérer la situation avec sérénité. J'avais longuement expliqué dans le rapport initial combien la communication était importante. Aujourd'hui elle est insuffisamment travaillée. La communication doit se faire vers les professionnels de santé, vers le grand public, être de qualité, dire ce que l'on sait, ce que l'on ne sait pas et comment on va le savoir.

Rappelez-vous la panique qui a entouré l'hospitalisation à Bégin d'une infirmière suspectée d'avoir contracté Ebola. Dans l'idéal, il aurait fallu communiquer en ces termes : si elle n'est pas malade, tant mieux pour elle ; si elle est malade, elle est prise en charge dans des conditions sanitaires telles qu'il n'y a aucune inquiétudes à avoir quant à un éventuel risque de transmission. Or, pendant quarante-huit heures à la télévision, il n'a été question que de savoir si elle était malade ou pas. Cela n'a pas d'effet sur le long terme compte tenu des mesures prises. C'est ce qui aurait dû être expliqué à la population.

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