Intervention de Fabienne Keller

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 28 mai 2015 : 1ère réunion
Présentation du rapport d'information de fabienne keller à la suite de l'atelier de prospective du 9 avril 2015 sur « mieux prévenir et gérer les crises liées aux maladies infectieuses émergentes »

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller, rapporteure :

L'OMS fournit des analyses sur leur gestion de la crise. Elle a clairement tardé à être informée. N'oublions pas que la Guinée est un pays où l'information sanitaire est loin d'être optimale. Le rapprochement des symptômes avec Ebola a été tardif. Les gens mourraient mais on ne savait pas trop de quoi. Il y a pas de système de soins, il n'y a pas d'obligation de reporting comme chez nous quand apparaît des symptômes inhabituels. L'organisation n'est pas très fonctionnelle et a probablement fait perdre quelques mois.

L'OMS a travaillé dans des conditions qui n'étaient pas simples. Deux des quatre pays touchés étaient récemment en guerre, les États peu structurés. L'OMS, qui a une énorme fonction de coordination, est en train de faire le retour sur ce qui s'est passé. Sa principale préoccupation, c'est le caractère tardif de l'alerte, donnée à un moment où il y avait déjà des centaines de cas.

J'ai été très émue par des écrits de Médecins du monde sur la difficulté de gérer la maladie. Les premiers touchés ont été les personnels soignants qui, au début, ont prodigué des soins sans protection puisqu'ils ignoraient tout de la réalité de la maladie. Environ cinq cents médecins et infirmières en sont morts. Une fois le virus Ebola diagnostiqué, ils ont mis un moment à pouvoir disposer d'équipements de protection adéquats, des espèces d'énormes scaphandres très lourds, qui ne leur permettaient de travailler que deux fois une heure et demie par jour tellement la chaleur était insupportable. Le taux de létalité étant de deux malades sur trois, ils ont été amenés à faire des choix parmi les malades à traiter. C'est de la médecine d'urgence, de la médecine de catastrophe. Psychologiquement, ce fut extrêmement lourd à supporter pour tous les soignants occidentaux et leurs camarades médecins locaux.

Critiquer l'OMS, peut-être, mais il s'agissait là d'une pathologie très sévère. Je le disais, l'OMS est en train de faire son retour sur expérience. Par ailleurs, un excellent roman vient de sortir sur un scénario catastrophe épidémique. Peut-être va-t-il contribuer à améliorer la connaissance.

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