Intervention de Jean Bizet

Réunion du 16 juin 2015 à 14h30
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 25 et 26 juin 2015 — Débat interactif et spontané

Photo de Jean BizetJean Bizet :

Je crois que nous aurions raison d’entrer dans le jeu du dialogue et de la prospective auquel nous invite M. Cameron. En tout cas, c’est ce que je veux lire dans les propos qu’il tient sur le sujet. À nous de ne pas nous écarter des valeurs et des idées des pères fondateurs de l’Union européenne.

Depuis quelque temps déjà, David Cameron a engagé des pourparlers avec un certain nombre de pays de l’Europe du nord, ainsi qu’avec l’Allemagne, mais pas encore véritablement avec la France. S’il ne le faisait pas, cela risquerait de nous entraîner vers un certain immobilisme, alors que chacun d’entre nous a envie d’une Europe un peu nouvelle, d’un cercle concentrique plus réactif, d’une Europe de l’essentiel, comme le dit Jean-Claude Juncker.

Le Sénat, sous votre autorité, monsieur le président, a commencé de discuter avec la Chambre des Lords. Notre commission des affaires européennes a eu l’occasion d’échanger avec celle de la Chambre des Lords, et notamment avec son président, lord Boswell.

Il serait pertinent que nous puissions être associés à un certain nombre de mesures en faveur d’une Europe beaucoup plus réactive, celle à laquelle nos concitoyens aspirent.

Par ailleurs, beaucoup de questions ont été posées sur le traité transatlantique. Je tiens à saluer la position très offensive que vous avez adoptée à cet égard, monsieur le secrétaire d’État. C’est une position courageuse.

Courageuse, l’intervention de Daniel Raoul l’était tout autant. La mondialisation fait partie de notre quotidien. Il est beaucoup plus confortable de se rabattre sur ce qu’on avait appelé, à l’époque du traité de Rome – cela remonte déjà à 1957 ! –, la « préférence communautaire ». Or cette préférence n’existe quasiment plus et n’est inscrite qu’en pointillé dans les derniers traités.

Nous disposons aujourd’hui d’un certain nombre d’atouts qu’il faut faire valoir dans ce type de négociations. Si nous n’entrons pas dans ce débat de façon offensive, avec les spécificités, les qualités qui sont les nôtres, ce sont d’autres continents qui écriront à notre place des normes qui s’imposeront sans débat aucun et qui proviendront, pour l’essentiel, de la Chine, de l’Inde ou du Brésil.

C'est la raison pour laquelle je tiens à saluer la position de Mathias Fekl sur le sujet. Il faut défendre les préférences collectives qui font partie de nos singularités à nous, Européens. C’est également ce qui fait l’attrait de l’Union européenne en général et de la France en particulier : si beaucoup d’Américains viennent passer des vacances dans notre pays et en Europe, c’est précisément à cause de nos préférences collectives.

N’adoptons pas une attitude frileuse ou populiste en la matière. Regardons la réalité en face : je l’ai dit, la mondialisation fait partie de notre quotidien. Nous avons plus que notre place à y prendre. En tout cas, je souhaite que nous puissions continuer à débattre de ce sujet.

À mon tour, je remercie le président Larcher d’avoir présidé cette séance. Le nombre de nos collègues aujourd’hui présents témoigne de l’intérêt que nous portons à l’Europe.

Il est vrai qu’un certain nombre de sujets et de préoccupations s’amoncellent sous le ciel non seulement européen, mais aussi mondial. Chaque fois que nous nous détournerons de l’Europe, nous nous éloignerons des solutions.

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