Intervention de Sylvie Sargueil

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 9 avril 2015 : 1ère réunion
Atelier de prospective : mieux prévenir et gérer les crises liées aux maladies infectieuses émergentes

Sylvie Sargueil, consultante en renforcement des capacités et évaluation de programme, formatrice pour les journalistes de pays en voie de développement :

médecin, journaliste, consultante en renforcement des capacités et évaluation de programme, formatrice pour les journalistes de pays en voie de développement. - L'idée, évoquée tout à l'heure, de créer de nouveaux métiers de médiatisation en santé me laisse quelque peu dubitative. Collecter des données, les vulgariser, les analyser, les mettre en contexte et en perspective de façon transversale, puis les diffuser sont des missions déjà inhérentes à un métier, le journalisme. Cela étant, il est vrai qu'il est nécessaire de mieux former les journalistes à la communication en santé.

Si cette formation accuse un énorme déficit en France, elle est quasi inexistante dans les pays en développement. Les programmes de formation y sont trop courts et très verticaux. Malheureusement, il arrive que les journalistes soient eux-mêmes vecteurs de rumeur et de discrimination.

Quelques programmes d'information se sont néanmoins révélés des succès, ce qui nous encourage à aller plus loin.

Ainsi, en octobre et novembre 2014, grâce à un programme mis en oeuvre par Canal France International et financé par le gouvernement français, des journalistes de radios communautaires de six pays limitrophes de la Guinée ont été sensibilisés et formés pour traiter les informations concernant l'épidémie à virus Ebola, en particulier sur le volet prévention. Ces journalistes travaillent en langues locales. Ils ont fait intervenir des acteurs locaux formés à la lutte contre Ebola : personnels soignants et médecins mais aussi chefs coutumiers, chefs religieux, tradi-praticiens, etc. Ils ont permis de sensibiliser les populations, de manière très simple et d'aller au plus près de leurs préoccupations. De telles interventions, où la parole est donnée aux représentants des populations, sont très utiles pour renforcer la confiance.

Je citerai une autre initiative : la création par dix-huit étudiants de quatrième année de l'Isic, l'Institut supérieur de l'information et de la communication, qui est une école de journalisme de Conakry, d'un « journal école » baptisé Tremplin, dont je tiens quelques exemplaires à la disposition de ceux qui le souhaitent. Ce travail intensif de deux mois, financé par l'Union européenne et dirigé par l'École supérieure de journalisme de Lille, a prouvé que des gens sont motivés, veulent apprendre et souhaitent être des médiateurs entre le monde médical et les populations.

Des programmes de formation plus ambitieux doivent être envisagés. Les écoles de journalisme locales ont besoin d'appuis réguliers et durables, et pas seulement d'initiatives ponctuelles.

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