En ce qui concerne la difficulté de soutenir l'enseignement de l'arabe dans certains territoires, je pense qu'il ne faut pas agiter le chiffon rouge. Ainsi, en Corse, on se concentrera sur le corse, l'anglais et peut-être l'italien. Il ne faut pas sous-évaluer la dimension psychologique de l'enseignement des langues. Par exemple, il ne faut pas enseigner le français aux parents dans l'établissement de leurs enfants, sous peine de briser l'autorité parentale. Je serai soucieux de proposer des mesures opérationnelles et qui ne heurteront personne. Par ailleurs, compte tenu des moyens qui seront à ma disposition, il me faudra m'appuyer sur les structures déjà existantes, notamment en ce qui concerne la maîtrise du français par les demandeurs d'emploi et les personnes en réinsertion dans la société. L'éducation nationale fait un travail excellent dans son domaine. Pour autant, cela ne doit pas empêcher la future Agence de la langue française de financer des actions périscolaires pour les enfants, voire pour d'autres publics, mises en place par des mairies ou des institutions.
En ce qui concerne les fautes d'orthographe, je tiens à ce que mes collègues de l'université les corrigent. Pour autant, ce qui est important, c'est de lutter non seulement contre l'illettrisme, mais également contre « l'illectronisme », à savoir l'incapacité d'utiliser Internet et les nouvelles technologies de l'information et de la communication.
J'ai pris note des expériences personnelles que vous m'avez confiées et qui figureront dans mon rapport. Je veillerai à valoriser les pratiques qui existent déjà grâce aux moyens modernes de communication. Un million d'euros a été débloqué pour l'Agence de la langue française : mon but n'est bien évidemment pas d'empiéter sur les compétences de l'Agence de lutte contre l'illettrisme, mais plutôt de compléter son action.
Je suis en accord avec vous sur la nécessité de défendre la primauté du français dans toutes ses dimensions. Quelquefois, cette langue a la réputation d'être réservée aux lettrés. En tant que spécialiste de l'étude des vocabulaires scientifiques et techniques, j'insiste sur la nécessité de faire du français une langue moderne avec des terminologies techniques à jour pour éviter les anglicismes.
Enfin, quand je pense à la France, je pense à la francophonie : notre pays ne pourra rester le fer de lance de la francophonie s'il ne défend pas sa langue contre la domination de l'anglais. Dans ce cadre, la Délégation générale à la langue française constitue un formidable instrument pour lutter contre l'anglicisation de notre langue, par le biais des traductions, du financement de colloques en français ou encore par le travail accompli sur les terminologies.
Je résumerais donc ainsi mes deux axes d'action : le français comme langue moderne, et la maîtrise du français langue moderne.