Cette partie du CIR nous semble essentielle. Entre 2011 et 2014, pour la partie « intégration fiscale », le montant des dépenses en direction de laboratoires publics est passé de 0,7 million d'euros à 4,1 millions d'euros : il s'agit donc d'une multiplication par cinq. Thales s'est également engagé dans de nombreux partenariats, comme le groupement d'intérêt économique (GIE) qui réunit Thales et Alcatel, les coentreprises Thales Alenia Space ou Trixell, qui ne nous appartient pas à 100 % mais dans laquelle Thales a un actionnariat très fort. Ces trois sociétés ajoutent un montant d'investissement vers le secteur public de 7,4 millions d'euros, dont 40 % par Thalès.
Grâce au CIR, nous avons pu mettre en place de vrais laboratoires communs. Le groupe Thales a une tradition longue de partenariats, mais le CIR les a fortement multipliés. La première unité mixte de recherche (UMR) que nous avons mise en place, il y a quinze ans, fonctionne avec le CNRS. Son directeur a longtemps été Albert Fert, qui a obtenu le prix Nobel. Cela montre la capacité de Thales à respecter le partenariat académique, à ne pas l'enfermer : les chercheurs peuvent continuer à publier à très haut niveau.
Le GIE avec Alcatel Lucent a quant à lui donné naissance à un laboratoire de 150 personnes, qui intègre également le Leti, composante du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). C'est le laboratoire de référence dans son domaine. Nous avons ouvert il y a quelques années un laboratoire commun avec l'institut CEA List sur la vision. Dans mon langage, le laboratoire commun désigne vraiment un travail étroit, au quotidien, entre les chercheurs des différentes entités. Nous venons d'ouvrir un autre laboratoire avec le CEA List sur la sécurité de fonctionnement. Nous travaillons également avec l'Université Pierre et Marie Curie ainsi qu'avec l'École polytechnique, sur la thématique des lasers d'extrême puissance. Tout ceci est le résultat du CIR.
Si nous entreprenons le même genre de démarche à l'étranger (à Singapour, au Canada), elle est en revanche beaucoup moins intense, car le CIR est vraiment incitatif.
La sous-traitance vers le privé est plus faible, et probablement pas entièrement déclarée. Il y a beaucoup d'achats auprès des PME, dont le montant est dans l'absolu moins important que dans le secteur public, mais je pense que cela ne « trace » pas toute l'activité du groupe auprès des PME.
On pourrait en quelque sorte dire que, grâce au CIR, Thales a pu mettre en place des instituts de recherche technologique (IRT) avant même que la formule n'existe officiellement !