Vous avez raison de souligner que le débat relatif aux OGM, mal abouti dans ce pays, a conduit de nombreux chercheurs et brevets, dans le domaine agricole, à quitter la France au profit des États-Unis, y compris dans le domaine de la recherche sur les semences hybrides. Ce sont des dossiers à manier avec beaucoup de sérieux.
Même des secteurs comme le plastique d'origine végétale, où nous étions leaders, ont pâti d'une incapacité collective à faire avancer les choses, notamment du fait de la puissance des lobbies. La grande distribution a eu le génie de supprimer les sacs plastiques d'origine fossile, ce qui fut un formidable coup de publicité pour elle. Il se trouve que 90 % des sacs plastiques sont fabriqués dans la Haute-Loire. On pensait que le secteur pouvait parfaitement s'adapter, du fait de la proximité des matières premières utilisées (maïs et pomme de terre dans un cas, matières fossiles dans l'autre). Ce ne fut pas le cas, car le poids des lobbies demeure extrêmement prégnant. Nous avions une équipe de chercheurs en pointe au sein de l'INRA. Elle est partie en intégralité chez Cargill aux États-Unis. Je suis heureux néanmoins de constater que nous avons, sur un certain nombre de sujets, les mêmes regrets.