Intervention de Denis Randet

Commission d'enquête Réalité du détournement du crédit d'impôt recherche — Réunion du 12 mars 2015 à 13h50
Audition de Mm. Denis Randet délégué général alain quevreux chef du département europe et pierre bitard conseiller du délégué général de l'association nationale de la recherche et de la technologie anrt

Denis Randet, délégué général de l'ANRT :

Dans notre baromètre il s'agit des chercheurs du privé, pas du public. Et il ne faut pas oublier, à côté des salaires, les frais de recherche et développement, qui varient beaucoup selon la nature de la recherche. Un économiste coûte moins cher, de ce point de vue, que quelqu'un qui fait de la recherche sur les circuits intégrés. Vous touchez là un point crucial : pour faire de la bonne recherche, il faut un budget approprié à la nature de l'activité. Or, le budget de certains de nos établissements souffre d'un déséquilibre. Celui du CNRS est absorbé à 70 % par les salaires. Cela est préoccupant. Pour les universités, il faut voir au cas par cas. Les évaluations comparatives que nous avons menées montraient que le ratio personnel support-enseignants pouvait aller, comme cela est le cas au California Institute of Technology, jusqu'à dix pour un. En France, on est plutôt à un pour un, et l'on demande aux enseignants-chercheurs de tout faire. Nous employant à promouvoir l'accès aux contrats européens d'Horizon 2020, nous travaillons avec les universités pour qu'elles renforcent les compétences de leurs équipes de support. Les exigences européennes sont pointues. En matière de recherche clinique, par exemple, les échantillons de patients doivent être paritaires. Quand d'autres pays s'y conforment scrupuleusement, nous avons tendance à estimer, en France, que c'est le résultat qui compte. Et l'on est sanctionné à l'arrivée.

Nous nous heurtons à un vrai problème de répartition des qualifications dans l'effort. Imaginez une entreprise qui ne compterait que des ouvriers et des directeurs et dans laquelle manquerait toute la panoplie des personnels intermédiaires. Le budget alloué par l'Etat à l'Ecole polytechnique de Lausanne, avec ses 10 000 étudiants, s'élève à 644 millions de francs suisses par an. Savez-vous quel est le budget de notre École Polytechnique, qui n'est pas la plus mal lotie en France ? 67 millions, pour 3 000 étudiants. Trois fois moins d'étudiants, mais un budget dix fois moindre. Il y a là une vraie question... qui se pose à un mauvais moment.

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