Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 2 juillet 2015 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Sécurité suite aux attentats

Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame Laborde, je voudrais tout d’abord rendre hommage à Hervé Cornara, exprimer notre tristesse, dire nos pensées à sa famille et à ses proches. J’assisterai demain à ses obsèques, aux côtés de sa famille, dans l’Isère.

J’ai senti, au moment où je me suis rendu sur place, une considérable émotion de la part des élus, de la part des pompiers qui sont courageusement intervenus et auxquels je veux rendre hommage, de la part de l’ensemble des forces de sécurité, dont vous avez eu raison de dire, madame la sénatrice, à quel point elles sont mobilisées – qu’il s’agisse de la sécurité publique ou de la sécurité intérieure – dans la lutte contre le terrorisme.

Je n’ai cessé de l’expliquer à l’occasion de la discussion de la loi sur le renseignement, nous sommes confrontés à un phénomène d’un type nouveau. Il conduit des profils très différents – soit qu’ils présentent des fragilités psychologiques ou psychiatriques, soit qu’ils aient été endoctrinés, soit qu’ils aient rencontré à un moment donné des ruptures, des échecs qui les ont fait basculer – à préparer, puis à commettre des actes terroristes d’une extrême gravité.

Le profil de celui que vous avez évoqué est très particulier par rapport à ceux qui avaient jusqu’à présent frappé. Il n’était pas dans la délinquance, il n’avait pas de casier judiciaire. Il avait été signalé comme radicalisé, mais aucun élément en provenance des services de renseignement depuis 2006 n’avait fait apparaître un risque de passage à l’acte.

Nous sommes face à une réalité nouvelle parce que ce terrorisme est en libre accès sur internet, parce que les profils qui peuvent basculer sont multiples et parce qu’il y a une tentative de plus en plus forte de dissimulation de ces actes de la part de leurs auteurs. Conseillés en cela par les groupes terroristes, ils utilisent le darknet, la cryptologie ou des moyens de communication téléphoniques sophistiqués.

C’est la raison pour laquelle nous avons renforcé les moyens des services de renseignement : 1 500 emplois ont été créés depuis janvier, s’ajoutant aux 500 emplois créés chaque année depuis le début du quinquennat. Nous consacrons 250 millions d’euros pour assurer la modernisation de nos infrastructures numériques et informatiques. La loi sur le renseignement, qui est centrée sur la lutte contre le terrorisme, doit permettre, par la mobilisation de techniques nouvelles, d’avoir accès aux intentions de ceux qui se dissimulent.

Bien entendu, je veux parfaire tout cela en décloisonnant les services parce qu’il faut que les informations soient échangées.

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