Si les réformes à mener doivent être justes, il faut absolument éviter deux écueils. D’abord, il convient de ne pas faire de la cavalerie, en bricolant dans la précipitation un accord qui ne résoudrait rien. On consentirait à la Grèce toujours plus de prêts ? Qui donc peut penser que c’est en alourdissant encore sa dette que l’on résoudra le problème de la Grèce, qui est aussi celui de l’Europe ? Ensuite, il importe d’éviter le « Grexident », c’est-à-dire une sortie incontrôlée de la Grèce de la zone euro. Si celle-ci se produisait, on ne sait pas ce qu’il adviendrait de l’Europe – quoique –, mais on sait très bien ce qu’il adviendrait du peuple grec : ce serait sans doute terrible pour lui !
Dans ces conditions, monsieur le ministre, il n’y a que deux solutions possibles.
Dans la première hypothèse, un vrai accord est conclu, fondé sur de vrais engagements, vérifiables. Je veux parler d’un accord donnant-donnant et gagnant-gagnant, comportant une « clause de revoyure » régulière, sans cela nous ne ferions que rejouer le mythe de Sisyphe ou alimenter le tonneau des Danaïdes – peu importe, la mythologie grecque est riche ! Seulement, un tel accord n’est possible qu’à la condition que les contribuables européens ne soient pas davantage sollicités sans que des contreparties soient exigées de la Grèce sur le plan des responsabilités.
Dans la seconde hypothèse, en l’absence d’accord reposant sur une responsabilité mutuelle, il faudra s’orienter vers une forme de mise en congé. Il s’agirait d’une sortie organisée de l’euro, assortie d’un plan d’accompagnement de la Grèce et, sans doute, d’un lien entre l’euro et la drachme.