Monsieur le président, monsieur le ministre des affaires étrangères, mes chers collègues, il était temps que nous ayons un échange sur la question grecque. Depuis cinq ans, nous allons de sommet exceptionnel en sommet exceptionnel et nos concitoyens ne comprennent plus rien à cette succession ininterrompue de « rencontres de la dernière chance ».
Depuis 2009, la Grèce traverse une crise économique et sociale particulièrement lourde. Le peuple grec souffre et l’Europe a cherché depuis le début de cette crise à lui porter assistance.
Aussi, ne nous trompons pas sur le sens du référendum de dimanche dernier : nous devons mesurer avec précaution le sens des mots utilisés et la mise en scène orchestrée par M. Tsipras. Personne n’a jamais demandé à la Grèce de sacrifier aux dieux de l’austérité pour rétablir miraculeusement la croissance. Les partenaires européens de la Grèce, qui la soutiennent financièrement depuis six ans, lui demandent d’abord et avant tout des réformes structurelles.
Ni l’Union ni la zone euro ne sauraient donc être les otages d’une politique visant à esquiver les réformes nécessaires : ce serait une injustice à l’égard des autres peuples de l’Union européenne, tout aussi respectables que les Grecs, qui ont parfois dû, eux aussi, accomplir d’immenses efforts du fait de la crise financière. Un référendum ne suffit pas à donner gain de cause à un pays contre dix-huit autres démocraties. Il n’y a pas, d’un côté, le peuple grec opprimé et, de l’autre, une cohorte d’abominables technocrates sans cœur.
Aujourd’hui, cette situation soulève un vrai problème de confiance. Sans confiance, comment voulez-vous que les partenaires de la Grèce acceptent de nouveau de lui prêter l’argent acquitté par nos propres contribuables ? Sans confiance, quelle valeur donner à la parole d’un gouvernement qui semble incapable de réformer son propre pays ? Aucune reprise ne sera possible sans confiance. Aucune entreprise, grecque ou étrangère, ne prendra le risque d’investir dans un pays dénué de crédibilité. Seule la confiance permettra aussi de rouvrir le débat sur le nécessaire et incontournable rééchelonnement de la dette, voire sur la remise de celle-ci.
Jamais l’Eurogroupe ni la Commission européenne n’ont privilégié les coupes claires dans les prestations sociales. Ce qui est demandé aujourd’hui à la Grèce, cela a déjà été dit, c’est d’établir un cadastre, c’est de parvenir à une collecte efficace de l’impôt, c’est d’y assujettir enfin les armateurs, c’est de lutter contre les rentes de situation, à l’image de celles dont bénéficie l’Église orthodoxe. Est-ce de l’austérité ? Non, c’est simplement une question de justice entre citoyens européens.
À ce titre, il est d’ailleurs paradoxal de constater qu’un gouvernement d’extrême gauche, allié à l’extrême droite, préfère solliciter le contribuable européen, y compris le plus modeste, et mettre en péril l’ensemble de la zone euro plutôt que d’imposer des armateurs largement privilégiés. Comprenne qui pourra !