MM. Reiner, Gautier et Pintat m’ont interrogé à propos des équipements. Je tiens à leur dire que nous serons très vigilants sur le respect des engagements que j’ai énoncés dans mon propos introductif, y compris, monsieur Gautier, sur la rapidité de mobilisation des quatre C 130.
Pour ce qui concerne les hélicoptères, je vous indique, messieurs les sénateurs, que je suis très attentif à l’aéromobilité. Il s’agit là d’une inflexion forte de l’actualisation de la programmation militaire, même si l’on n’en a pas beaucoup parlé jusqu’à présent.
La force aéromobile est au centre du programme de l’armée de terre, car elle est très importante lorsque celle-ci est au contact. De nouvelles commandes sont nécessaires, des travaux d’entretien sont indispensables et il convient aussi d’assurer une meilleure efficacité de la maintenance ; je pense en particulier aux pièces de rechange, problème qui, je le sais, vous préoccupe particulièrement. Nous allons acquérir, pour les Tigre, deux lots de déploiement supplémentaires, qui passeront ainsi de trois à cinq.
M. Pintat a insisté sur l’ensemble du paquet « renseignement ». Je tiens à lui dire que non seulement tous les engagements en la matière sont respectés, mais que leur mise en œuvre est accélérée, y compris pour ce qui concerne les drones Reaper.
J’ai évoqué avant-hier, avec mon homologue américain, la question de la charge utile de renseignement d’origine électromagnétique, dite ROEM, sur les drones Reaper. Je ne peux guère m’étendre sur ce sujet à cette tribune, mais je suis en mesure de vous dire que l’ensemble du dispositif sera prêt à temps, tout comme les moyens de lutte contre les drones de petite envergure, lesquels ont fait l’actualité ces temps derniers.
M. Trillard a beaucoup insisté sur la question de l’entretien. Il s’agit pour nous d’une préoccupation essentielle. Nous consacrons à ce poste 500 millions d’euros, qui s’ajoutent à l’augmentation de 4, 3 % par an prévue dans la loi de programmation initiale. Cet effort très significatif était indispensable en raison des conditions extrêmes auxquelles sont soumis nos matériels.
Quant à la dissuasion, évoquée par Mme Aïchi, par Mme Michelle Demessine, avec laquelle – je le réaffirme – je suis en désaccord sur ce point, et par M. Pintat, elle constitue l’un des éléments majeurs de notre sécurité, plus encore aujourd’hui qu’hier.
On constate en effet que nombre de puissances accroissent leurs dépenses ou leurs arsenaux. Certaines n’hésitent pas à effectuer des démonstrations avec leurs armements nucléaires, aussi bien à l’est du continent européen qu’en Asie. Nous estimons que c’est une raison supplémentaire d’assurer la sanctuarisation du financement de la dissuasion, sachant que celui-ci s’inscrit, pour ce qui concerne notre pays, dans une volonté d’assurer un strict équilibre, sans aller au-delà de ce qu’implique la dissuasion. C’est ce qui nous permet de garantir notre autonomie stratégique et cet élément de notre sécurité n’est aucunement remis en cause.
J’en viens au sujet de l’Europe, évoqué par plusieurs d’entre vous.
Je précise à MM. Lorgeoux, Bockel et Esnol que, lors du dernier Conseil européen, des avancées ont été obtenues à l’issue d’un débat qui a eu le mérite d’avoir lieu, en dépit d’une actualité chargée. Le Conseil a ainsi décidé que, pour la première fois, des crédits de recherche européens sur les sujets militaires seraient identifiés et affectés à des programmes.
Je retiens, par ailleurs, la mise en place du programme train and equip, instrument qui va servir à financer, sur fonds européens, les équipements des armées que nous formons.
Enfin, dans le domaine opérationnel, ce rendez-vous nous a permis d’évoquer la mise en œuvre effective des groupements tactiques de l’Union européenne, les GTUE. Nous devrions aboutir à un résultat sur ce point, tout comme sur l’élargissement du périmètre du mécanisme Athena de financement des opérations militaires, qui permet la prise en compte par l’Union des coûts d’intervention en OPEX. Voilà ce qu’il en est sur le plan capacitaire.
Sur le plan industriel, qu’il s’agisse des drones ou de l’armement terrestre, des avancées significatives ont également été obtenues avec nos voisins allemands et italiens.
Ces différentes avancées me permettent de dire que l’Europe de la défense avance pas à pas, grâce à la détermination de la France, qui n’a jamais été contestée, et à force de pressions et de constats de nécessité.
Telles sont, mesdames, messieurs les sénateurs, les quelques remarques que je souhaitais faire avant la discussion des articles.
Je tiens à vous remercier du soutien que vous apportez à nos armées. Le fait que les armées françaises se situent au premier rang des armées européennes doit être pour nous tous un motif de fierté. Dans le contexte actuel, c’est également une ardente nécessité.
Depuis trois ans que j’ai l’honneur d’être à la tête du ministère de la défense, je suis également fier de mener cette action en lien étroit avec votre Haute Assemblée, dans un esprit de confiance et de dialogue, celui-là même qui a présidé, une fois de plus, à ce débat.