Intervention de Michel Magras

Délégation sénatoriale à l'Outre-mer — Réunion du 11 juin 2015 : 1ère réunion
Tables rondes sur les biodiversités des outre-mer confrontées au changement climatique

Photo de Michel MagrasMichel Magras, président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer :

Madame la Présidente, mes chers collègues, mesdames et messieurs les intervenants, vous avez accepté de venir enrichir nos informations sur la biodiversité en outre-mer et l'impact du réchauffement climatique. Je vous souhaite la bienvenue au nom de la délégation sénatoriale à l'outre-mer et de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable. Les deux instances ont créé un groupe de travail commun que je co-préside avec M. Hervé Maurey, aujourd'hui représenté par Mme Odette Herviaux. MM. Jérôme Bignon et Jacques Cornano, respectivement sénateurs de la Somme et de Guadeloupe, sont les rapporteurs du groupe de travail. M. Jérôme Bignon est également en charge de la coordination de l'ensemble des travaux menés dans les commissions et les délégations sur le changement climatique.

Dans le cadre de ces travaux foisonnants, dont la caractéristique commune est la dimension territoriale, l'outre-mer occupe une place de choix. En effet, les territoires d'outre-mer sont particulièrement exposés aux dérèglements découlant du réchauffement climatique en raison de leur insularité, à l'exception de la Guyane, et de leur appartenance aux zones tropicales et équatoriales, Saint-Pierre-et-Miquelon et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) exceptés. Leur vulnérabilité résulte également de leur moindre capacité de résilience aux chocs, notamment sur le plan économique. En effet, leurs économies sont de petite taille, faiblement structurées en filières et la diversification et l'insertion régionale restent très relatives.

En dépit de leur vulnérabilité, voire grâce à elle, les territoires ultramarins constituent une chance pour la France. Ils lui permettent de contribuer de façon majeure aux recherches et aux expérimentations menées en matière de lutte contre le changement climatique et d'adaptation aux évolutions climatiques. Les secteurs concernés sont variés : énergies renouvelables, notamment d'origine solaire ou marine, phytopharmacopée, adaptation des espèces végétales ou animales aux variations de pression hydrique et dispositifs de sauvegarde des populations et de solidarité régionale face aux cataclysmes.

Les projets foisonnent en outre-mer, l'exposition accrue aux risques naturels et aux conséquences du changement climatique en faisant des terrains privilégiés pour l'innovation. Le système de climatisation par l'utilisation du différentiel des températures entre la surface et les profondeurs de l'océan, les techniques de désalinisation de l'eau par osmose inverse en utilisant l'énergie solaire, le bouturage du corail et l'utilisation des micro-algues dans des secteurs variés (alimentation, cosmétique, biocarburants, traitement des effluents industriels) comptent parmi ces innovations. La préservation de la biodiversité ou le recours à ses ressources se trouvent au coeur de la plupart des recherches et des projets menés et des réalisations déjà arrivées au stade industriel ; c'est à la fois une finalité et un levier d'action.

Par conséquent, notre groupe de travail a identifié la question de la sauvegarde et de la valorisation des biodiversités ultramarines comme un enjeu majeur pour le développement des outre-mer. Il convient d'évoquer non « la » mais « les » biodiversités, tant la diversité des milieux terrestres et aquatiques, ainsi que celle des espèces animales et végétales, est exceptionnelle dans nos outre-mer. 80 % de la biodiversité nationale s'y trouvent d'ailleurs, cette évaluation étant probablement minimaliste, puisque les progrès de la connaissance en matière de biodiversité ont encore un bel avenir.

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