Intervention de Jean-François Silvain

Délégation sénatoriale à l'Outre-mer — Réunion du 11 juin 2015 : 1ère réunion
Première table ronde : panorama des biodiversités ultramarines et évaluation de l'impact climatique

Jean-François Silvain, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité :

Les politiques en faveur du jardin créole sont importantes, mais il est difficile de trouver d'autres exemples de ce type.

En revanche, des réflexions scientifiques sont mises en exergue dans le cadre de la conférence « Our common future under climate change », qui se tiendra au mois de juillet, et de la conférence portant sur le climat prévue à la fin de l'année 2015, en particulier le concept de rétroaction biodiversité-climat. À travers ce dernier, nous nous intéressons à l'incidence du changement climatique sur la biodiversité. Cependant, il importe également d'étudier l'influence des perturbations de la biodiversité sur les climats régionaux et mondial. Par exemple, les incidences humaines sur le massif forestier amazonien contribuent à modifier le climat régional. Le problème avait été traité par nos collègues brésiliens dans le cadre du code rural brésilien, mais la situation s'est à nouveau dégradée.

La transposition du Protocole de Nagoya dans la loi française traite le problème de la bio-piraterie dans son titre quatre. Elle constitue un progrès, chacun étant aujourd'hui conscient de l'importance d'un retour des bénéfices produits par des ressources génétiques spécifiques à certains territoires vers les porteurs de connaissances traditionnelles. Toutefois, la mise en oeuvre du principe posait différentes difficultés aux pratiques quotidiennes de la recherche. Des progrès significatifs ont été réalisés en matière de législation, devant permettre à chacun de s'en accommoder. Par exemple, il convient d'abord de connaître les ressources dont dispose la Guyane pour ensuite pouvoir les valoriser. Quoi qu'il en soit, les chercheurs sont très sensibles depuis longtemps à la problématique de la bio-piraterie.

Il importe que le thème de la biodiversité soit porté au premier rang des préoccupations, notamment face au changement climatique. La France doit notamment jouer le rôle qui lui incombe dans la plateforme internationale science-société sur la biodiversité et les services écosystémiques. Il faut regretter qu'elle ait manqué récemment l'accueil de la plateforme de soutien à l'évaluation des écosystèmes Europe et Asie centrale.

Enfin, la loi doit tenir compte d'une nécessaire vision écosystémique de la protection de la biodiversité, les espèces vivant dans des écosystèmes interagissant. Or, les atteintes à la biodiversité débutent généralement par la destruction de ces interactions. La fonctionnalité des espèces dans les écosystèmes doit être interrogée, qu'elles apparaissent comme utiles ou pas, nuisibles ou comme y ayant un rôle majeur.

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