Intervention de Françoise Gatel

Réunion du 16 juillet 2015 à 15h10
Questions d'actualité au gouvernement — Agriculture

Photo de Françoise GatelFrançoise Gatel :

Au cœur de l’actualité s’installent la désespérance et la révolte de nos agriculteurs, asphyxiés par une crise conjoncturelle liée à la contrainte des marchés et aggravée par la sécheresse que notre pays connaît. Le plus grave est qu’à cette crise conjoncturelle s’ajoute une crise structurelle, comme l’a montré la conférence qui s’est tenue ce matin au Sénat sur l’initiative de notre président.

L’agriculture est un secteur d’excellence de notre pays, reconnu et envié à l’étranger. Si tel n’était pas le cas, les Chinois auraient-ils récemment investi à Carhaix, en Bretagne, dans une usine de poudre de lait, pour garantir la sécurité de leur production ?

Or, aujourd’hui, la filière animale va mal ; son présent mais aussi son avenir sont en jeu. Songez que 400 éleveurs bretons sont au bord du dépôt de bilan ! Une grande banque a même dû augmenter ses encours aux producteurs de 10 millions d’euros au cours du dernier trimestre. Les fournisseurs d’aliments, qui pratiquent eux aussi des encours aux éleveurs, se retrouvent également en danger. Monsieur le ministre, la maison brûle !

Il faut prendre des mesures urgentes et significatives sur les prix, soulager la trésorerie de nos exploitations et valoriser vigoureusement la viande française. Il est tout aussi indispensable de prendre des mesures structurelles en matière de compétitivité, d’organisation des filières, de sécurisation des revenus, d’aide à l’investissement et de restauration hors foyer, sans oublier l’incontinence normative qui accable le secteur.

Monsieur le ministre, l’agriculture est-elle pour notre pays un atout ou un handicap ? Voulons-nous lui rendre sa compétitivité ou la broyer ?

Les agriculteurs ont su, après la guerre, relever le défi de la productivité ; ils doivent aujourd’hui être fermement accompagnés pour réussir la nouvelle évolution qui s’impose à eux. Il y a urgence ! Continuerons-nous dans notre pays à avoir l’indécence d’imposer des normes de bien-être animal à des agriculteurs qui ne peuvent plus vivre de leur travail, à des jeunes agriculteurs dont 50 % vont devoir abandonner leur métier, alors qu’ils assurent l’avenir de notre pays ?

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