Intervention de Laurent Fabius

Réunion du 16 juillet 2015 à 15h10
Questions d'actualité au gouvernement — Accord avec l'iran

Laurent Fabius :

Madame la sénatrice, un mot sur cet accord et un mot sur le futur.

Vous avez parlé d’intransigeance ; je n’aurais pas choisi ce terme. Avec le Président de la République, nous avons défini quelle devait être l’attitude de la France : nous avons parlé de fermeté constructive. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait de savoir si oui ou non, l’Iran, qui a parfaitement le droit de disposer du nucléaire civil, pouvait ou non se doter de la bombe atomique. Nous avons répondu « non ».

C’est une affaire extrêmement sérieuse, technique, précise. Il fallait donc que, sur les points en discussion – vous en avez cité quelques-uns –, nous soyons fermes, qu’il s’agisse de la limitation à la fois du stock d’uranium et du niveau d’enrichissement – nous sommes passés de plusieurs tonnes d’uranium à 300 kilogrammes et leur taux maximum d’enrichissement est passé de 20 % à 3, 67 % – ou du nombre de centrifugeuses, dont le nombre est passé de 20 000 à 5 060.

Il fallait faire en sorte également que le réacteur d’Arak ne puisse plus dégager de plutonium de quantité et de qualité militaires. C’était une condition – parmi d’autres – que posait la France, et elle a été satisfaite.

Telle était la raison de notre fermeté constructive. Mais il en existait une autre : si l’accord avait été signé – on pouvait tous signer – mais qu’il n’avait pas été robuste, quelle aurait été la réaction des pays voisins ? Je pense à l’Arabie Saoudite, je pense à l’Égypte, je pense à la Turquie ou à d’autres pays. Ils nous auraient dit ceci : « Vous avez signé, mais nous ne croyons pas à l’efficacité de votre signature, et nous-mêmes, nous allons nous doter de l’arme nucléaire. » À ce moment-là, le Moyen-Orient, qui est déjà éruptif, serait devenu entièrement nucléarisé. C’est la raison pour laquelle la fermeté constructive de la France, avec d’autres, a permis cet accord.

S’agissant du futur, pour ce qui est des relations entre l’Iran et la France, nous espérons qu’elles ne vont pas cesser de s’améliorer. Je me rendrai moi-même bientôt dans ce pays pour examiner l’ensemble de nos relations. Cependant, gardons-nous de tout pronostic, car, comme le disent certains, l’Histoire n’en sait jamais rien.

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