Intervention de Stéphane Le Foll

Réunion du 16 juillet 2015 à 15h10
Questions d'actualité au gouvernement — Agriculture

Stéphane Le Foll, ministre :

Vous avez conclu de manière un peu plus ironique, mais on ne vous en voudra pas : je pense que vous êtes là pour la bonne cause. En tout cas, c’est ce que vous avez souhaité indiquer.

S’agissant des quotas laitiers, monsieur le sénateur, à l’occasion d’un bilan de santé de la PAC en 2008, leur disparition avait été prévue. Je vous le dis au passage : étant député européen à l’époque, j’ai voté contre la suppression de ces quotas, ce qui me permet de vous en parler aujourd’hui en toute tranquillité.

François Patriat me rappelait comment ont été mis en place ces quotas laitiers et les reproches adressés à l’époque à ceux qui en avaient été chargés. Je ne vous fais pas de dessin, chacun en a un souvenir sûrement très précis.

Pour ce qui est de la régulation de la production laitière, depuis que j’ai pris mes fonctions, en 2012, et avant même que la crise du lait n’éclate, j’ai demandé quatre fois au conseil des ministres européens de discuter de la gestion « post-quotas ». J’avais bien conscience que la crise du lait que vous aviez vécue en 2008 alors que vous et vos amis politiques étiez aux responsabilités pouvait se reproduire.

Or, entre 2012 et aujourd’hui, pas un seul pays n’a souhaité discuter de ce problème, car tout le monde s’est tourné vers le grand marché chinois. Comme l’a rappelé l’une de vos collègues, même les Chinois viennent investir en France pour produire de la poudre de lait destinée à leur marché. Ainsi, tous les pays européens – l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Irlande, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Pologne – se sont fixé un objectif : exporter de la poudre de lait en Chine.

Comme tout le monde a eu la même idée en même temps, on a fini par saturer l’offre et la demande. C’est ce qui explique la difficulté dans laquelle on se trouve aujourd’hui. Cela fait trois ans que je dis à tous mes collègues : « Vous allez voir, si nous ne nous coordonnons pas – et il ne s’agit pas d’en revenir aux quotas – sur les objectifs visés par l’Europe en matière d’exportation, nous finirons par nous marcher les uns et les autres sur les pieds et avec des conséquences pour les producteurs laitiers. » Nous y sommes !

Il va donc falloir trouver des solutions « post-quotas ». J’ai proposé à la Commission d’augmenter le prix d’intervention sur le lait, qui est un élément du signal envoyé vers le marché laitier. En même temps, j’ai dit que, lorsqu’un pays demandait cette intervention, il fallait qu’il soit capable de maîtriser sa propre production ; à défaut, la production augmentera et on produira pour l’intervention : ce sera le retour aux années qui ont conduit aux quotas laitiers ! Il faut mettre en place ce nouveau mécanisme.

Je le dis aujourd’hui devant le Sénat : voilà la proposition que j’ai faite. Si vous la trouvez judicieuse, je vous propose de m’aider à convaincre tous nos partenaires, …

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