Les députés européens ne soutiennent pas suffisamment la position de la France. En tant que chef d'entreprise, je n'ai pas pu vendre mes produits en Allemagne, faute d'un label décerné en partie par les industriels. Malgré mes sept ou huit visites à Bruxelles, le sujet n'a jamais été mis à l'ordre du jour. Les demandes allemandes reçoivent un meilleur accueil. Nos députés européens ne sont pas suffisamment combatifs.
Dès lors que l'Europe prend des décisions, elle devrait en assumer les conséquences, en indemnisant nos agriculteurs pénalisés par l'embargo. Avec Martial Bourquin, nous avions dans notre rapport demandé que les délais de paiement soient ramenés à trente jours fin de mois : en vain. La suppression des marges arrière ne change rien : nous, industriels, devons donner 10 % de produits gratuitement, ce qui fait baisser les prix. Ne peut-on pas s'organiser pour que les marques distributeurs ne cannibalisent pas les marques à forte valeur ajoutée ? Le Sial est censé faire la promotion en France des industriels français, alors que quatre distributeurs font 80 % du marché ; ce sont les étrangers qui viennent au salon, et nous finançons la concurrence en le finançant... C'est idiot ! Faisons-le à Moscou ou au Brésil. La concurrence entre Business France et Sopexa, que le ministère de l'agriculture ne veut pas lâcher, est-elle intelligente ?
Les lainiers, à Castres ou à Mazamet, jusque dans les années quatre-vingt, faisaient le bilan des variations de prix de matières premières à cinq ans, ne payant leurs impôts qu'après. La IVe République l'a voté : qu'attendons-nous pour revenir à un tel fonctionnement sur tous les marchés spéculatifs - étant entendu que toute redistribution de dividende serait interdite entre temps ? La TVA compétitivité frappe à 50 % des produits de première transformation venant de l'étranger : une augmentation de 3 ou 3,5 points représenterait 35 milliards d'euros, payés à moitié par les étrangers. Ne peut-on pas consacrer une partie des 36 milliards d'euros du programme d'investissements d'avenir (PIA) à l'agriculture : n'est-elle pas l'avenir des territoires ? Il y a dix ans, nous étions encore le premier pays européen pour l'agriculture et l'industrie agro-alimentaire, nous sommes aujourd'hui le troisième derrière l'Allemagne et l'Italie. Les pôles de compétitivité sont indispensables : que nos futurs élus aux conseils régionaux ne consacrent pas dix fois plus d'argent à des structures qui les concurrencent, simplement parce qu'ils les contrôleraient. Laissons chacun faire son métier.