Je vous remercie de vos interventions, très importantes car reflétant la diversité des problématiques et la nécessité de travailler sur davantage de perspectives. Paradoxalement, nous souhaitons en France toujours opposer les choses. Mais le travail sur les prix et celui sur les charges sont l'un et l'autre nécessaires. Selon le ministère de l'agriculture, les produits haut de gamme comme les labels, les appellations d'origine contrôlée (AOC) ou les produits biologiques ne représentent que 15 à 18 % de la consommation française. Par conséquent, ne prônons pas uniquement une montée en gamme !
La compétitivité n'est pas seulement un problème transatlantique, mais européen : depuis quinze ans, c'est surtout par rapport à ses voisins que la France régresse. Certes, on peut mieux faire, mais le dirigeant d'une grande entreprise laitière qui réalise 50% de son chiffre d'affaires en France m'interrogeait aujourd'hui : est-ce que je mets une croix sur les 50% que j'exporte ? On peut parler des emplois de manière incantatoire, mais ils résultent d'abord d'une activité productive. La FNSEA n'appellera pas au déréférencement des produits, bien sûr : nous en sommes les premières victimes !
Le 3 septembre dernier, les annonces du Premier ministre n'ont pas été comprises par certains jeunes agriculteurs qui s'attendaient à ce qu'il fixe un prix du lait ou de la viande. Cela ne tiendrait pas debout ! Mais il faut, sur la base d'indicateurs transparents et mesurables, établir les contrats à partir d'autre chose que la fin des négociations commerciales le 28 février à minuit. La marge est importante, nous pouvons progresser !
Oui, il existe une certaine déperdition de déclarations d'avances d'aides PAC au 1er octobre, alors que l'information avait été plutôt bien relayée : certains agriculteurs ne veulent plus remplir un papier supplémentaire, face à l'overdose de normes et de réglementation. Distinguons un cahier des charges apportant une qualité premium, de l'abus de normes et de la surtransposition des directives communautaires. Allons jusqu'au bout de l'exercice, le Premier ministre s'est engagé à ne plus transposer davantage que nécessaire. Je n'ai rien contre le ministre de l'agriculture français, mais il doit mouiller sa chemise pour mettre en oeuvre les annonces du Premier ministre. Autant nous pouvons attendre un peu les mesures structurelles, autant les mesures d'urgence - FAC, mesures sociales, année blanche - doivent être appliquées immédiatement.
Comme Daniel Gremillet, je regrette que les établissements bancaires ne soient pas totalement à notre écoute. Entre les investissements en Grèce et les conséquences de l'affaire iranienne aux États-Unis, les paysans ne comprennent plus. Une annuité moyenne pour les éleveurs ou polyculteurs-éleveurs s'élève à 1,5 milliard d'euros - disons 1 milliard, si un tiers d'entre eux n'a pas besoin de restructuration. Avec des taux d'intérêt moyen à 2%, 20 millions d'euros de frais financiers sont à payer chaque année. Le Premier ministre s'est engagé sur ce sujet. Si nous nous dépêchons d'effectuer le report, le FAC pourra en prendre en charge une partie en 2016, mais il faut aller très vite. Vous pouvez aussi interpeller le ministre et le Premier ministre.
Titrisation de l'investissement ne veut pas dire subprimes. Avec la Commission européenne, nous étudions comment l'agriculture pourrait émarger aux 1 200 milliards d'euros de la BCE, non pas des subventions mais une injection de liquidités - complétées par le Gouvernement, éventuellement via les aides PAC - pour mettre les bâtiments d'élevage en conformité avec les normes paysagères, environnementales, ou améliorer la robotique. En investissant dans son exploitation, l'agriculteur pourrait amortir ce « titre » - au lieu d'un emprunt - sur une durée plus longue et avec ses propres capacités d'amortissement.