Dans sa charte pour l'accessibilité universelle votée en 2014, la fédération des Associations pour adultes et jeunes handicapés affirme que les loisirs, le sport, les vacances, la culture, l'accès aux médias sont constitutifs d'une existence moderne et citoyenne à laquelle toute personne en situation de handicap a droit.
Le droit à la culture relève d'une aspiration légitime à la pratique d'une activité artistique, à la participation aux événements culturels, aux représentations théâtrales, aux concerts, aux festivals... Les contraintes financières et économiques mises en avant ne doivent pas constituer un obstacle au développement d'un projet culturel, au sein des établissements sociaux et médico-sociaux. Les établissements publics culturels tels que les médiathèques, désormais répandues en France, doivent être accessibles à tous.
Les Associations pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) affirment la capacité de création artistique propre à chaque personne et donnent comme perspective de trouver les moyens nécessaires à cette expression. Les médias, le numérique sont des moyens de participation et de partage dans la société. Dans le réseau des associations départementales que nous fédérons, quelques exemples de réussite culturelle peuvent être cités, comme les fêtes des solidarités dont l'objectif est de mettre en avant les potentiels des personnes en situation de handicap, de les accompagner et de renforcer leur estime de soi. Le département de la Haute-Loire, que je connais bien, a adopté un dispositif d'accompagnement du handicap vers des loisirs intégrés et réguliers. Faciliter l'accès aux milieux ordinaires dans les loisirs et le sport, créer des troupes de théâtre, si possible en partenariat avec d'autres troupes, pour stimuler la créativité des personnes en situation de handicap à partir de mots, d'émotions, de récits intimes, tels sont les objectifs. D'autres exemples puisés dans le registre de la musique ou de la littérature, dans les départements de la Réunion et de la Guyane, montrent qu'on aurait tort de ne pas tenir compte de l'enthousiasme créatif des personnes en situation de handicap.
Il est étonnant qu'un sondage de 2013 laisse apparaître que, pour les Français, l'une des priorités est l'accès à la solidarité, l'accès à la culture ne représentant que 47 % des préoccupations de nos concitoyens. Or il s'agit d'un pilier essentiel de la citoyenneté, un moyen d'affirmation de soi, un levier puissant d'inclusion par le partage des émotions, le développement d'un langage entre soi et les autres, un facteur de reconnaissance, d'épanouissement et d'extériorisation par le biais d'autres vecteurs que les mots. La personne en situation de handicap doit pouvoir être actrice et consommatrice dans le domaine culturel. La culture ne saurait être un élément superflu, comme on a pu le lire ici ou là.
L'APAJH, depuis dix ans, organise une manifestation, pensée pour et avec les personnes handicapées, qui rassemble chaque année 1 500 participants, de nature à susciter la créativité des participants. Nous avons cette année remis un trophée « école et culture » récompensant des initiatives visant la mise en place de dispositifs d'accessibilité pour tous publics. C'est le cas par exemple, à Paris, du musée du Quai Branly, comme du musée de l'homme, ou, en région, du musée Toulouse-Lautrec d'Albi.
Le « Pacte handicap 2014-2020 » de l'APAJH prône la garantie d'accès aux pratiques et activités culturelles, la sensibilisation et la formation de professionnels au handicap, une visibilité non exclusive dans les médias et les manifestations culturelles des personnes en situation de handicap. L'APAJH milite pour l'accessibilité aux lieux culturels et de loisirs, avec, par exemple, l'installation, pour les malentendants, de boucles d'induction magnétique dans les cinémas et les théâtres et une écriture pour les spectacles sonores. Il serait opportun que les centres de loisirs organisent des soirées adaptées, des programmations faisant place aux artistes en situation de handicap, favorisent le financement des créations artistiques pour les personnes handicapées et que les salles polyvalentes soient aisément accessibles et équipées de sanitaires adaptés.
On peut d'ores et déjà observer l'instauration, dans certaines communes, de dispositifs permettant notamment une accessibilité au contenu des bibliothèques : un fond de DVD sous-titrés, des livres en braille... ou l'extension d'accueils spécifiques : projections de films pour les sourds et malentendants, séances pédagogiques d'écoute musicale pour les non-voyants, ou des planchers vibrants pour festivals électroniques.
En conclusion, je voudrais dire que notre fédération insiste sur la nécessité de considérer l'accès à la culture comme un facteur important de la construction d'une société inclusive au nom de l'égalité républicaine