Intervention de Mathieu Gallet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 7 mai 2015 à 9h30
Audition de M. Mathieu Gallet président-directeur général de radio france

Mathieu Gallet, président-directeur général de Radio France :

Merci pour votre accueil. Je suis ici accompagné de M. Frédéric Schlesinger, directeur délégué aux antennes et aux programmes, Mme Maïa Wirgin, ma directrice de cabinet et M. Christian Mettot, directeur général adjoint chargé du dialogue social et des ressources humaines.

Le conflit, qui a duré quatre semaines, nous a amenés à rétablir un dialogue social sous l'égide du médiateur nommé par le Gouvernement, M. Dominique-Jean Chertier. Un calendrier de réunions a été présenté cette semaine, qui court jusqu'à l'été, pour traiter des sujets soulevés pendant le conflit : la réforme du réseau France Bleu - je sais le Sénat très attentif au maillage territorial de notre service public -, le mode de production, des revendications plus catégorielles, émanant notamment des fonctions support, ménage, accueil ou sécurité, enfin, la question des formations musicale et de la présence des deux orchestres, du choeur et de la maîtrise en notre sein.

Après une première phase qui a permis la reprise du dialogue, le médiateur nous accompagnera jusqu'à fin juin. Du coup, nous travaillons sous une contrainte temporelle forte, d'autant plus que nous devons élaborer notre COM, qui sera transmis à votre commission avant approbation. Les enjeux sont multiples.

Permettez-moi de revenir sur les grandes lignes du projet et des convictions que j'avais défendus devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). D'abord, Radio France doit maintenir sa position de premier groupe radiophonique en France dans un paysage très concurrentiel, malgré les bouleversements induits, notamment pour France Info, par les nouvelles technologies et les nouveaux usages des auditeurs : un tiers des moins de 25 ans écoutent la radio sur un téléphone portable ou une tablette. Cela peut être une opportunité, pour diffuser nos productions qui font notre richesse à un public encore plus large. Ce que nous faisons n'existe pas ailleurs : les documentaires, les grands magazines d'investigation, la fiction radiophonique sont des genres qui n'existent qu'à Radio France. L'information de service public n'est pas comparable à celle que diffusent les chaînes commerciales. Je veillerai à la soutenir, et plus largement à promouvoir la diversité et la richesse de nos programmes.

Cela requiert une bonne stratégie éditoriale : M. Frédéric Schlesinger y veille, avec les sept directrices et directeurs de nos chaînes. Nous avons recruté cette année un nouveau directeur en charge du numérique, M. Laurent Frisch, issu de France Télévisions. Il devra établir de vraies passerelles avec cette entreprise.

La Maison de la radio, à laquelle nous sommes tous très attachés - l'incendie d'octobre dernier l'a montré - coûte cher à rénover, mais c'est un atout. Je souhaite que ce lieu soit ouvert et se positionne comme une maison de la culture. Notre production doit être diffusée le plus largement possible, sur le réseau classique comme sur le réseau numérique, pour toucher le plus grand nombre, mais aussi à travers la Maison de la radio. Concerts, émissions publiques, ateliers pédagogiques, journées portes ouvertes autour du livre, de la musique ou du sport sont autant de manières de toucher de nouveaux publics. Les hommes et les femmes de Radio France font plus que de la radio, il faut mettre cette richesse au service du public. Nous sommes un service public au service de tous les publics.

Je n'oublie pas le public de nos régions. Les 44 stations de France Bleu constituent un maillage territorial important, que je souhaite développer. Par exemple, en Midi-Pyrénées, France Bleu n'est présente qu'à Toulouse. À Lyon, elle est absente. Loin de nous tenir sur la défensive, nous avons donc des ambitions éditoriales.

Mais nous sommes confrontés à la nécessité de faire des économies. Depuis 2012, notre dotation a diminué, et ne progressera plus jusqu'en 2017. L'une des raisons de la crise récente a sans doute été l'annonce d'un déficit budgétaire important à la fin de l'année dernière, ce qui était une première. En 2015, notre déficit sera de plus de 21 millions d'euros. Notre actionnaire, l'État, nous impose de revenir à l'équilibre en deux ans : c'est une exigence forte, complexe à mettre en oeuvre, qui nous impose de faire des choix. Comme je l'ai annoncé au comité central d'entreprise en mars, l'une des pistes sera de réduire la masse salariale, qui représente environ 60 % de nos dépenses. Proportion qui n'a rien d'anormal, car la radio est faite par nous ; nous n'achetons pas nos programmes, comme cela se fait à la télévision. Mais la masse salariale augmente automatiquement de quelque 4 millions d'euros chaque année. Et nous devons absorber cette hausse alors que nos revenus sont contraints.

Heureusement, nous disposons de relais de croissance. Je souhaite que le volume de publicité reste modéré, car l'absence de pollution publicitaire est l'un de nos avantages compétitifs. Cependant, le type d'annonceurs auxquels nous avons droit - public, collectif ou d'intérêt général - est trop restreint. Le cahier des charges date de 1987 ; depuis, le périmètre de l'État a considérablement changé. Il serait bon que nos recettes publicitaires puissent augmenter légèrement. La Maison de la radio doit également permettre de dégager des recettes complémentaires. La commercialisation des concerts, en particulier, doit être optimisée, pour augmenter les recettes de billetterie. Nous pouvons aussi louer des espaces, accueillir de nouveaux services.

Nous devons repenser notre fonctionnement pour tenir dans l'épure budgétaire qui nous est imposée tout en dégageant des moyens pour financer nos priorités. Par exemple, nous ne consacrons que 1 % de notre budget au numérique ! C'est pourtant un secteur clé pour conquérir de nouveaux publics. À l'issue de mon mandat, je souhaite que le service public de la radio soit encore plus en phase avec la société française et avec ses modalités d'accès au savoir, à l'information et à la culture.

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