Merci d'avoir organisé ce débat. Bien évidemment, nous avons des divergences sur l'avenir de la radio. Je souhaiterais insister sur un point que vous avez évoqué, madame la présidente, et qui concerne l'aspect économique de cette question. En effet, l'ensemble des sujets que nous abordons dans ce cadre doit être traité sous cet éclairage. D'ailleurs, le président du CSA, M. Olivier Schrameck, a bien insisté sur l'intégration de cet aspect économique dans les études d'impact désormais conduites avant toute prise de position. Nous souhaitons ainsi vous exposer les raisons économiques globales pour lesquelles nous ne sommes pas positionnés sur le réseau de la RNT.
Les médias sont confrontés à une mutation économique et technologique sans précédent.
S'agissant de la RNT, nous y étions, au départ, tout à fait favorables. Mais l'environnement technologique nous a fait changer d'avis en raison de l'actuelle convergence de l'ensemble des médias vers l'IP, c'est à dire l'Internet, et sur d'autres outils que les récepteurs radios, comme les smartphones ou les tablettes. Cette convergence concerne l'ensemble des médias : que ce soit la presse, la télévision ou, bien évidemment, la radio, qui est ainsi écoutée par 38 % des 13-19 ans et 27 % des moins de 24 ans sur Internet. Une mutation est d'ores et déjà engagée et nous ne souhaitons pas en être exclus !
La Norvège représente certes un cas de déploiement de la RNT, mais le pays de référence en la matière demeure le Royaume-Uni qui a lancé la RNT il y a vingt ans et dont 48 % des auditeurs utilisent cette technologie. Je ne conteste pas le rôle du CSA qui est d'appliquer la loi, mais force est de constater les nombreuses incertitudes qui caractérisent l'usage de cette technologie ! C'est pourquoi nous ne participerons pas à la RNT car celle-ci nous paraît aller à l'encontre des intérêts économiques du média radio dans son ensemble qui représente également un marché relativement étroit de l'ordre de 700 millions d'euros.
Le paysage radiophonique national, fort de ses 900 radios et de la diversité des formats qui y sont présents, est exceptionnel. Les radios, à l'inverse de la presse, ne vivent que de recettes publicitaires. Nous sommes soucieux que notre marché privé soit ainsi financé tandis que les subventions assurent le financement du service public. L'évolution du cahier des charges de Radio France demandée par son président tend à échapper, pour le moment, au législateur. Quelque 20 millions d'euros de recettes sont réalisés en dehors du cahier des charges ; nous souhaitons que la publicité sur Radio France qui bénéficie d'environ 600 millions d'euros de subventions et de 40 millions de recettes publicitaires en reste là. En ce qui nous concerne, l'ensemble des recettes des radios nationales se situe en-deçà des 600 millions d'euros.