Intervention de Christopher Baldelli

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 13 mai 2015 à 9h30
Table ronde sur la radio

Christopher Baldelli, président du directoire de RTL :

Les Français aiment la radio, et l'avenir de cette dernière ne se limite pas à la question de la RNT. D'ailleurs, lors de la précédente table ronde que vous aviez consacrée il y a cinq ans à la radio, vous aviez évoqué la RNT ; celle-ci est encore balbutiante aujourd'hui tandis que la radio se porte très bien !

Celle-ci présente d'ailleurs un paradoxe en France : alors que les Français, qui n'ont jamais autant écouté la radio en novembre et décembre 2014, y sont très attachés, l'équilibre économique de ce secteur est gravement menacé. Les radios généralistes fournissent une contribution essentielle au pluralisme et à l'information, alors que la presse écrite demeure extrêmement subventionnée pour conduire cette action, alors même que son audience connaît une constante décroissance. Les recettes publicitaires de la radio privée ont enregistré une baisse de l'ordre de 17 % en dix ans.

Nous avons besoin d'un cadre stable ou évoluant de manière adaptée. En d'autres termes, les radios privées ne disposent pas des moyens d'investir dans une technologie que nous estimons obsolète. En tant que dirigeant d'un groupe comme RTL, si la RNT nous était apparue comme porteuse d'avenir, nous n'aurions pas un seul instant hésité à y investir !

Nous n'avons pas davantage les moyens de voir le cadre publicitaire de la radio en France remis en question alors que le Gouvernement, actionnaire du service public audiovisuel, a réitéré, à la suite du rapport de Rémy Schwartz, son intention de ne pas autoriser à nouveau la publicité après 20 heures. Nous n'avons pas davantage les moyens de répondre à une modification des quotas musicaux qui interviendrait tous les deux ans puisqu'aujourd'hui les radios connaissent également des difficultés avec une baisse de revenus de l'ordre de 2 % en deux ans. On ne peut ainsi demander aux autres de résoudre les problèmes auxquels on est soi-même incapable de répondre, à l'instar de ce que connaissent actuellement Radio France ou l'industrie du disque qui a également enregistré une baisse d'environ 5 % de ses revenus durant ces dernières années.

En d'autres termes, ne faut-il pas faire preuve d'irresponsabilité pour être entendu ? Nous pourrions fort bien demander la suppression de la publicité sur l'ensemble du service public, à l'instar de ce qui se pratique outre-Manche, ainsi que des subventions destinées aux radios qui jouent un rôle comparable à celui de la presse écrite dans la défense du pluralisme démocratique. Nous pourrions enfin solliciter une baisse des quotas musicaux afin de refléter la baisse continue de la production musicale francophone depuis ces dernières années.

Loin de tout cela, nous demandons simplement que les pouvoirs publics veillent à ce que les radios privées en général, et généralistes en particulier, continuent à émettre dans un cadre satisfaisant, faute de quoi ce sont les emplois de ce secteur et la contribution de ce dernier à l'équilibre de la société française qui seront remis en cause.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion