Intervention de Bertrand Monthubert

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 7 octobre 2015 à 9h30
Audition de Mme Sophie Béjean présidente du comité pour la stratégie nationale de l'enseignement supérieur stranes et M. Bertrand Monthubert rapporteur général sur leur rapport « pour une société apprenante »

Bertrand Monthubert, rapporteur général du comité pour la Stratégie nationale de l'enseignement supérieur (StraNES) :

Afin de mener à bien l'élévation générale du niveau de qualification que nous préconisons, nous proposons de fixer l'objectif suivant : d'ici 2025, atteindre 60 % de diplômés de l'enseignement supérieur dans une classe d'âge et 25 % au niveau du master.

Cette préconisation est le fruit d'un travail d'analyse fondé sur la détermination des besoins de la société. Nous avons constaté que certains pays ont d'ores et déjà atteint voire dépassé ce seuil, à l'instar de la Corée du Sud. L'obtention d'un diplôme de l'enseignement supérieur facilite également l'accès à l'emploi, particulièrement en temps de crise économique. Enfin, nous avons pris la mesure de l'automatisation croissante, qui concerne également les tâches intellectuelles et qui est particulièrement prégnante dans certains secteurs d'activité, comme le secteur bancaire, par exemple. Cette évolution a pour conséquences des restructurations en matière d'emploi ainsi que des déplacements majeurs en matière de qualifications. Lié à des besoins, l'objectif que nous proposons est ambitieux, il suppose un effort très important ; mais ne pas fixer d'objectif nous mènerait à la stagnation.

Cet objectif volontariste s'accompagne d'une autre priorité : la réduction des inégalités sociales. En effet, si 65 % des enfants de cadres sont diplômés du supérieur, cette proportion n'atteint que 28 % chez les enfants d'ouvriers, soit un écart de 37 points que nous souhaitons réduire de moitié en dix ans. C'est ce que nous appelons l'écart social de diplômation. L'élévation du niveau de qualification repose dès lors sur l'augmentation de l'accès à l'enseignement supérieur - et de la réussite - des étudiants issus de milieux défavorisés.

L'orientation dans les différentes filières de l'enseignement supérieur comporte aujourd'hui beaucoup de gâchis. Les orientations non choisies sont nombreuses et alimentent l'échec. Certes, 80 % des étudiants qui entrent dans l'enseignement supérieur en sortent diplômés (contre 68 % seulement en moyenne dans l'OCDE), mais leurs parcours sont souvent erratiques et difficiles. Si les priorités d'accès dans certaines filières instaurées par la loi du 22 juillet 2013 constituent un progrès, nous proposons des évolutions significatives. En conséquence, nous entendons organiser l'orientation selon le principe suivant : tout bachelier doit pouvoir accéder à l'enseignement supérieur, mais dans une filière où il a des chances de réussir.

La hausse du niveau de qualification doit également être qualitative ; il ne s'agit pas de faire fi des exigences. Augmenter le niveau de qualification ne répond pas à une volonté de distribuer des diplômes mais à un besoin réel de l'économie. Il faut également tenir compte du besoin de compétences. Nous devons aussi nous interroger sur ce que signifie étudier aujourd'hui, alors que le numérique a fondamentalement modifié la relation au savoir. Nous appelons à une évolution pédagogique majeure pour prendre en compte cette transformation et mettre l'accent sur le développement de compétences transversales - par exemple, par la mise en situation des étudiants, le travail en équipe, etc. Enfin, il faudra également se saisir des outils numériques dans l'enseignement supérieur, qui constituent de formidables leviers d'efficacité et d'innovation pédagogique.

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