Intervention de Élisabeth Lamure

Délégation sénatoriale aux entreprises — Réunion du 1er octobre 2015 : 1ère réunion
Table ronde « relancer l'apprentissage : une urgence pour les entreprises et l'emploi »

Photo de Élisabeth LamureÉlisabeth Lamure, présidente :

Je suis heureuse de vous accueillir pour cette table ronde sur un sujet passionnant et passionné. La délégation sénatoriale aux entreprises est née en décembre 2014 à l'initiative du président du Sénat, M. Gérard Larcher. En effet, les entreprises ont le sentiment d'être ignorées par les parlementaires, sinon pour leur créer de nouvelles charges et obligations... Or elles sont la clé de la croissance et de l'emploi dans nos territoires. C'est sur cette intuition qu'est née la délégation, qui regroupe 42 sénateurs de tous les groupes politiques, avec pour mission de renouer le dialogue avec les entreprises.

Nous nous sommes rendus sur le terrain, rencontrant une centaine d'entreprises dans six départements français ; nous nous sommes également rendus à Londres pour comprendre pourquoi de nombreuses sociétés françaises choisissaient de s'installer au Royaume-Uni. Nous allons poursuivre ces déplacements pour identifier les freins au développement et traduire ces enseignements dans notre action législative -une manière de démentir le fréquent reproche adressé aux élus, qui est d'être déconnectés de la réalité. À ce jour, notre délégation a également rendu deux rapports et soutenu des amendements au projet de loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite « loi Macron » et à celui pour améliorer la qualité du dialogue social au sein des entreprises, dite « loi Rebsamen ».

Après plus de six mois de travaux, nous avons acquis la conviction que l'apprentissage était un sujet majeur pour l'économie et l'emploi. Les entrepreneurs que nous avons rencontrés ont souligné les difficultés du recours à l'apprentissage ; l'un d'entre eux, dans la Drôme, a insisté sur l'importance des compagnons dans son entreprise, d'autant plus précieux qu'ils sont sans équivalents ; un autre a déploré la rigidité de l'organisation administrative, qui rend presque impossible la rupture du contrat d'apprentissage et empêche de faire effectuer aux apprentis des tâches considérées comme dangereuses. De manière générale, les entreprises regrettent la méfiance de l'administration à leur égard : tout semble organisé pour protéger l'apprenti contre le patron.

Nous avons également constaté l'insuffisante valorisation de l'apprentissage au sein du système éducatif : manque de lien entre l'école et les entreprises, manque de connaissance et de reconnaissance des métiers auxquels forme l'apprentissage.

C'est un défi essentiel dans un pays où un jeune sur quatre est au chômage, contre un sur quatorze en Allemagne - un chiffre à mettre en parallèle avec nos 5,2 % de jeunes en apprentissage, contre 16 % en Allemagne, pour ne rien dire de la Suisse. Bien plus, le nombre d'apprentis a baissé de plus de 10 % en deux ans dans notre pays, un recul qui s'accélère au premier semestre 2015. Ce décrochage est d'autant plus problématique que nous consacrons 8,2 milliards d'euros par an -qui pèsent pratiquement pour moitié sur les entreprises- à l'apprentissage. Pourquoi ces efforts ne sont-ils pas couronnés de succès ? L'ambition de notre délégation est d'y voir plus clair et d'identifier des pistes de promotion de l'apprentissage en entreprise.

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